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Élisabeth, une infirmière d’une quarantaine d’années, vit seule avec sa fille adolescente Élodie à la campagne au bord d’un lac en Wallonie. Sans que sa mère s’en aperçoive, Élodie s’est convertie à l’Islam et s’apprête à partir en Syrie. Sa mère abusée découvre trop tard la disparition de sa fille et entreprend de la retrouver. Mais les traces de la disparue sont ténues, et personne ne semble prêt à aider Élisabeth… Commence pour elle un long et difficile périple pour reprendre contact avec une adolescente qu’elle ne connaît plus.
Rachid Bouchareb, réalisateur français d’origine algérienne, aborde depuis le début de sa carrière les différentes problématiques de l’identité en lien notamment avec l’histoire de l’immigration : on se souvient qu’il a réalisé Indigènes en 2006 (avec Jamel Debbouze, Samy Naceri, Sami Bouajila, et Roschdy Zem), un film où il évoquait le destin des soldats d’Afrique du Nord, engagés plus ou moins volontaires pour libérer la France de l’occupation nazie. Cette fois, il interroge le phénomène de la radicalisation qu’il montre à travers les yeux d’Élisabeth, une mère qui découvre stupéfaite l’éloignement absolu de sa propre fille. On signalera d’ailleurs que la réalisation du film a commencé deux ans avant sa sortie en février 2016, c’est-à-dire bien avant les attentats sanglants qui ont frappé Paris (attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015, puis attaques contre la salle de spectacle du Bataclan et d’autres lieux à Paris en novembre 2015) et la Belgique (attentats à l’aéroport de Zaventem et dans le métro bruxellois en mars 2016). À travers l’histoire d’Élisabeth, Rachid Bouchareb décrit ainsi une situation beaucoup plus large qui dépasse le cadre du terrorisme islamiste en Europe occidentale, et qui concerne des dizaines sinon des centaines de parents confrontés ici et ailleurs au départ inattendu de leurs enfants vers un pays lointain plongé dans la guerre.
La Route d’Istanbul décrit ainsi un éloignement physique mais aussi et surtout une distance mentale qui s’est creusée entre parents et enfants, entre les générations, entre tous ceux qui partent pour des raisons apparemment inconnues et ceux ou celles qui restent ici livrés à l’incompréhension.
Ce dossier pédagogique consacré à la Route d’Istanbul s’adresse aux enseignants du secondaire qui verront ce film avec des élèves à partir de 15 ans environ, ainsi qu’aux animateurs en éducation permanente qui s’adressent à un large public intéressé par la problématique évoquée. Il comprend deux grandes parties. La première propose plusieurs pistes d’analyse du film, tout en privilégiant la réflexion et la discussion avec les spectateurs. La seconde partie du dossier reviendra de manière générale sur le phénomène de la « radicalisation », sur ses causes supposées et enfin sur les moyens éventuellement de le combattre.