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Au début 1942, la situation des Juifs en France s’est déjà fortement dégradée avec notamment les lois édictées par le gouvernement de Vichy sur le «statut des Juifs» leur interdisant en particulier d’exercer certaines professions. Mais à l’été, leur sort va brutalement basculer: début juin, les Allemands imposent en zone occupée le port de l’étoile jaune, alors qu’ils négocient secrètement avec le gouvernement de Vichy la déportation de 40.000 personnes, hommes, femmes, enfants et vieillards. Au matin du 16, la police française, obéissant aux exigences allemandes, rafle près de 13.000 Juifs à Paris dont environ 7.000 seront entassés pendant cinq jour au Vel’ d’Hiv’ (le vélodrome d’hiver) tandis que les autres seront emmenés au camp de Drancy (au nord de Paris).
Au Vel’ d’Hiv’, la situation est dramatique, car rien n’a été prévu pour accueillir un tel nombre de personnes, entassées sur les gradins, sans nourriture et avec un seul point d’eau à disposition. Ensuite, les prisonniers seront conduits vers d’autres camps de transit avant d’être déportés vers Auschwitz. Au même moment, des rafles similaires sont opérées dans toute la France mais également en Belgique et aux Pays-Bas. Seule une poignée des déportés reviendront des camps.
Cette page sombre a été longtemps occultée notamment à cause de la collaboration active de la police française qui a opéré l’essentiel des arrestations. Ce n’est qu’au fil des années que la recherche historique a pu reconstituer le fil des événements et mesurer de façon précise les différentes responsabilités et en particulier celle du gouvernement de Vichy. La réalisatrice Rose Bosch s’est ainsi basée sur ces nombreux travaux pour représenter l’ensemble de ces événements tragiques. Mais elle a surtout privilégié l’émotion en s’attachant à quelques personnes victimes de cet engrenage infernal et en filmant notamment à «hauteur d’enfant».
Le dossier pédagogique consacré à ce film ne vise pas à refaire « la leçon d’histoire », mais plutôt à partir des réactions des spectateurs et notamment des interrogations que la vision du film n’aura pas manqué de susciter. Que sont devenues les victimes de la rafle ? Qui sont les responsables de cette tragédie ? Comment tout cela s’est-il mis en place ? Et comment tout cela a-t-il été possible ? On essaiera de répondre à ces différentes questions, même si ces réponses ne peuvent être ni complètes ni définitives. En effet, d’un point de vue historique, la recherche sur cette époque pourtant largement explorée voit constamment s’ouvrir devant elle de nouveaux chantiers ; et, d’un point de vue moral et éthique, la question des responsabilités des différents acteurs de cette époque (dirigeants nazis, Allemands « ordinaires », gouvernement de Vichy, population française, témoins des pays alliés, etc.) reste aujourd’hui largement débattue. Face aux certitudes spontanées de beaucoup de spectateurs d’aujourd’hui, le rôle de l’enseignant ou de l’animateur en éducation permanente consistera sans doute moins à apporter des vérités toutes faites qu’à indiquer les zones d’ombres, les ambivalences, les complexités de cette époque, ce qui n’implique en aucune manière d’éluder les responsabilités effectives.
Dans une seconde partie, on reviendra sur la construction du film qui ne constitue évidemment en rien un documentaire et qui se présente bien comme une reconstitution historique réalisée aujourd’hui, avec des acteurs et techniciens contemporains, portant sur des événements passés sur lesquels les documents sont fragmentaires et dont on ne possède en particulier pratiquement aucun document iconographique (photos, films, etc.). Il ne s’agira pas de porter sur le film un regard critique, au sens négatif du terme, mais de prendre la mesure de cette reconstitution qui comprend nécessairement une part de fiction même si elle s’appuie sur des événements authentiques.