Les valeurs défendues par le film

La première animation que nous proposons après la projection du film consiste à répondre aux trois questions précédentes [cette animation n'est pas reproduite ici]: ce qui rend Mondo heureux; ce que demande Mondo; ce que donne Mondo. On y ajoutera une liste de personnages que rencontre Mondo au cours du film. À la grille constituée par les trois questions précédentes, l'on ajoutera trois autres questions qui formeront une grille inverse ou «négative» de la précédente. Il s'agira de déterminer:

• ce qui rend Mondo malheureux
• ce que les gens refusent à Mondo,
• ce que ses «ennemis» essaient de lui prendre.

Cette double grille devrait donc permettre aux enfants de déterminer quelles sont les véritables valeurs qui guident Mondo et celles auxquelles il refuse par ailleurs d'adhérer ou de se soumettre. Concrètement, on peut proposer aux élèves de former quatre ou cinq groupes de discussion où ils pourront confronter leurs opinions à propos de trois ou quatre personnages rencontrés par Mondo. L'enseignant pourra passer d'un groupe à l'autre et demander notamment aux participants d'approfondir leurs réponses si celles-ci se révèlent trop sommaires: on attirera par exemple l'attention des enfants sur l'écart qui existe presque constamment dans Mondo entre l'apparence (par exemple d'un objet que l'on donne) et son sens véritable qu'on doit chaque fois deviner. Ainsi, Thi Chin sait bien que les tessons de couleur que lui donne Mondo n'ont aucune valeur, mais elle le remercie chaleureusement parce que l'enfant a eu l'initiative de son geste et qu'il a choisi sur la plage de galets des petits objets dont la beauté l'a frappé (bien entendu, cette réponse n'est pas nécessairement la seule possible, et c'est aux élèves qu'il revient en définitive de faire leurs propositions). On remarquera que, sur la même ligne, il est souvent possible de donner plusieurs réponses, car les personnages ont de véritables échanges avec Mondo: la boulangère donne du pain à Mondo, mais celui-ci lui donnera à son tour une orange.

Si les discussions se révélaient trop pauvres et que les participants ne parvenaient pas à remplir les cases de cette grille, l'enseignant pourra leur fournir une série de propositions de réponses qui devrait leur permettre de progresser dans leur travail d'analyse. Voici la liste proposée:

Lorsque les discussions auront abouti dans les différents groupes, ceux-ci procéderont à la mise en commun de leurs observations. L'instituteur ou l'institutrice pourra sans doute synthétiser l'ensemble des réflexions en faisant remarquer que les richesses que possède Mondo et qu'il partage avec ses amis sont des richesses spirituelles ou morales, c'est-à-dire des choses qu'on porte dans son cur, dans son âme, dans sa tête, et qu'on peut donner à tout le monde sans que ça ne nous coûte rien. Cette conclusion servira de passerelle avec l'animation suivante.

Prolongement: changer son regard

Mondo nous invite à regarder autrement le monde qui nous entoure, à tirer plaisir de choses simples, banales, que nous négligeons habituellement, à découvrir dans notre univers quotidien des moments de grâce insoupçonnée et des éclats d'une beauté inaperçue. Invitons donc les enfants à prolonger cette leçon de Mondo en leur suggérant d'élire un objet comme leur objet du jour: il s'agit de choisir une chose banale, que normalement nous n'admirons pas mais qui aujourd'hui retient notre attention et à laquelle nous trouvons personnellement une beauté, un charme caché.

Il peut s'agir d'un caillou parmi mille autres, d'un morceau de mousse sur un toit, d'une gomme dont nous apprécions le toucher, d'une feuille dont nous admirons les nervures (comme le fait Thi Chin), d'un bouchon dont nous caressons la rondeur, d'une bille dont nous soupesons le poids dans notre main, d'un marron particulièrement brillant, d'un vieux livre dont nous aimons l'odeur Il faut insister sur la banalité de l'objet que rien ne doit apparemment distinguer des autres et qui est élu par notre seul regard, par notre seul désir: il ne peut donc pas s'agir d'une chose dont la beauté est reconnue (une fleur, une uvre d'art) ni que nous aimons pour son attrait (un jouet, un bonbon à manger) ou pour sa valeur affective (un ours en peluche). Le choix doit se faire aujourd'hui dans notre environnement familier, sur le chemin de l'école, à la maison ou au cours d'une promenade et ne doit pas être prémédité mais plutôt profiter du hasard de l'errance comme le fait Mondo.

Chacun aura ainsi une journée pour trouver un objet d'élection qu'il amènera en classe (sauf s'il s'agit bien sûr d'un objet immatériel comme un paysage ou une odeur ou une sensation fugitive: dans ce cas, il faudra essayer de décrire par des mots ou par tout autre moyen d'expression de quoi il s'agit). Les objets seront montrés et surtout commentés: chaque participant devra expliquer et éventuellement faire partager les raisons très personnelles qui motivent son choix. Les enfants seront naturellement invités à respecter les opinions exprimées. L'enseignant jouera également le jeu et défendra de la même manière que les enfants son objet d'élection.

On remarquera que le choix d'un objet d'élection ne signifie pas qu'on doive s'y attacher, et, si les enfants goûtent particulièrement cette manière de faire, on peut les inviter à répéter ultérieurement ce geste avec de nouveaux objets.