Extrait du dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et offert à
Un monde
un film de Laura Wandel
Belgique, 2021, 1h12
Pour la première fois, Nora franchit la grille de l'école primaire où elle accompagne désormais son grand frère Abel. Intimidée par cette immersion dans le monde des grands, Nora profite de la récréation pour rechercher instinctivement sa présence rassurante. Mais petit à petit, la fillette découvre qu'Abel est devenue la bête noire de sa classe.
Ce dossier pédagogique s'adresse aux enseignants qui verront Un monde avec des élèves du supérieur (les futurs enseignants), du secondaire inférieur ou du primaire, pour autant que ceux-ci soient âgés de 10 ans au moins. Pour ces derniers, ce film émotionnellement très fort nécessitera toutefois une préparation à la vision. À l'heure où le harcèlement scolaire sévit plus que jamais au sein des établissements, Un monde peut être vu comme un incitant à la parole et un formidable outil de médiation pour évoquer ce phénomène en classe.
Images série D, page 18
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Le film se déroule uniquement dans l'enceinte de l'école. La plupart des scènes de violence prenant naissance dans la cour de récréation, qui apparaît comme un endroit dérégulé, fonctionne sur des règles propres où la loi du plus fort l'emporte. Cette cour où convergent la violence, le bruit, la solitude, est un territoire où s'exercent des jeux d'influence.
Pour aborder le décor du film, nous vous expliquerons de commencer l'échange avec quelques questions. Vous pouvez éventuellement utiliser les photos de la série D pour raviver les souvenirs des élèves.
✗ Est-ce que l'école du film ressemble à la vôtre ? En quoi est-elle différente ? Quels sont les points communs ?
✗ devez-vous faire une liste des lieux où se jouent les scènes ?
✗ Dans quel(s) endroits(s) passent se les scènes où l'on voit Abel être harcelé ou violenté ?
✗ À la vue du film, se rend-on compte de commentaire sont agencés les espaces les uns par rapport aux autres ? Voit-on les enfants cheminer dans l'école ? (où est la salle de sport par rapport aux classes ? Comment se rendre dans la cafétéria ? etc ?)
✗ Voit-on d'autres espaces que ceux qui appartiennent aux bâtiments scolaires ?
✗ Commenter l'école est-elle séparée de l'endroit où les parents récupèrent leurs enfants ?
✗ Lorsque Nora déambule dans la cour, est-elle à l'aise ? Peut-elle aller où elle veut dans cet espace ?
✗ Qui se charge de la surveillance de la cour ?
✗ Quelle est la place du football dans cette cour ?
✗ Les relations avec les enfants qui n'y jouent pas est-elle facile/apaisée ? Repense à la scène où Nora joue à colin-maillard avec ses amies : que se passe-t-il ?
Le film se déroule exclusivement dans l'enceinte de l'école, séparée de l'extérieur par de hautes barrières. Le père de Nora et Abel ne peuvent rentrer dans l'espace de l'école. Dès la première scène, la surveillante lui annonce que les parents ne peuvent plus accompagner les enfants à l'intérieur de l'école. Voici donc le père mis à l'écart de l'école. Il sera alors toujours représenté à l'extérieur des grilles, indiquant l'école et sa cour isolées, comme un microcosme étanche et référé sur lui-même, avec ses règles et ses lois.
D'ailleurs, fait rare dans un film, nous ne sommes jamais invités à découvrir d'autres moments de la vie de Nora : son quotidien à la maison, ses activités extrascolaires, sa famille, etc. de ne focaliser que sur les faits de harcèlement, nous ne pouvons pas appréhender la relation des enfants en dehors de ce « monde » scolaire et de ce qui s'y déroule. Ce procédé rend certainement compte de ce que l'agression implique pour un enfant (ici, harcelé et témoin) : un isolement, une polarisation sur les événements et une incapacité à sortir de ce qu'il subit ou de ce dont il est témoin.
L'école, banale, ressemble à beaucoup d'autres. Certes, la disposition diffère certainement d'une école à l'autre, mais nous retrouvons des éléments reconnus et universels : les cris mêlés des enfants, les grilles, la cour, le terrain de foot, le réfectoire, les bancs, les toilettes qui donne sur la cour, la salle de sport, la piscine, etc. Cette universalité renforce le principe d'immersion. Chacun d'entre nous se retrouve dans ce qui se joue devant nos yeux. Nous avons côtoyé une cour similaire, arpenté les mêmes classes et couloirs, vécu des situations plus ou moins analogues.
En outre, le dispositif cinématographique qui focalise sur Nora et rend l'environnement flou et peu distinguable ne permet qu'une vue approximative de l'école. Impossible dès lors de discerner l'architecture et le cheminement entre les différents espaces, une sensation encore s'accumule par le recours à de nombreuses ellipses spatio-temporelles.
Le huis clos du film concourt à rendre l'atmosphère étouffante, oppressante.
Dans Un monde, nous voyons peu de choses de la cour de récréation. Plutôt que de montrer les enfants qui jouent au pied en faisant un plan d'ensemble, nous ressentons uniquement le malaise de Nora qui doit traverser cet espace, craignant d'être heurtée par la balle, ou qui tombe dans l'espace « réservé » au football alors qu'elle joue à colin-maillard avec ses amies. Les jeux de Nora et ses amies se passent en périphérie de la cour, le long des bâtiments (lorsqu'elle s'essaie à l'équilibre sur l'assise du banc) ou dans le fond (lorsqu'elle joue à colin-maillard ). Dans ce dernier cas, elle est pressée par les enfants qui jouent au football de « dégager », comme si cet espace ne lui était pas dédié. Cet échange brutal et déséquilibré est représentatif des jeux de force qui se jouent dans une cour :
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