Extrait dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au film
Binti
de Frederike Migom
Belgique, 2018, 1 h 30
Le dossier pédagogique consacré au film Binti, destiné aux enseignants de la fin du primaire, propose quelques pistes d'exploitation pédagogique du film, notamment autour de ses principaux thèmes : les « sans papiers », la protection de la nature, internet et les réseaux sociaux.
L'extrait proposé ci-dessous revient sur un thème essentiel du film, à savoir la situation des « sans papiers » en Belgique et plus largement en Europe. Il s'agira d'expliciter les représentations spontanées des enfants sur cette problématique (même si ces représentations sont largement construites à travers les médias) et d'y apporter ensuite une série de précisions et d'éclaircissements.
Dans le film Binti, Jovial et sa fille vivent en Belgique, mais ils n'en ont pas le droit : ils ont toujours peur quand ils voient des policiers, ils craignent de se faire arrêter. C'est d'ailleurs ce qui arrive vers la fin du film où ils sont arrêtés par la police, emmenés dans un centre et finalement embarqués dans un avion en partance pour Kinshasa.
Menons une discussion avec les participants sur ce sujet, avec des questions comme :
La discussion autour de ces questions permettra de rassembler tous les éléments du film sur la situation de Jovial et Binti : ce qui est explicitement dit dans le film et ce que l'on peut déduire ou imaginer.
Elle permettra aussi de faire le point sur ce que savent déjà les enfants sur les « sans papiers » et faire le lien avec le film.
L'on pourra alors préciser les notions, corriger les erreurs, et discuter de cette problématique.
Voici comment pourrait se dérouler l'animation.
Si l'on rassemble d'abord tout ce que montre et dit le film par rapport à la situation de Jovial et Binti, on pourrait dire que :
On pourra ensuite mettre tous ces éléments en lien avec ce que l'on sait du sujet, parce que l'on connaît des personnes qui sont dans la même situation que Jovial et Binti, parce qu'on a entendu ou vu ou lu des reportages sur le sujet ou parce qu'on a entendu parler de ce sujet autour de soi.
L'enseignant prendra note sommairement des différentes interventions des participants, en les « triant » au fur et à mesure. En effet, les interventions pourront concerner :
L'enseignant pourra relever les éventuelles imprécisions, approximations ou erreurs dans les interventions des participants et y remédier.
On pourra trouver des informations à destination des jeunes et des enfants dans le kit pédagogique « Accueil, asile et migration » sur le site de la Croix-Rouge de Belgique.
On parle beaucoup des migrants dans les médias. Les migrants sont des personnes qui désirent s'installer dans un autre pays que le leur, pour une longue durée. C'est un terme « neutre » qui peut s'appliquer à toutes sortes de personnes. Ainsi, les Belges qui vont s'installer dans un autre pays pour travailler par exemple, sont des migrants.
Les réfugiés sont des migrants qui ont fui leur pays parce qu'ils y étaient en danger. Ce danger, cela peut être la guerre ou la persécution (politique, religieuse, en raison de son appartenance ethnique, de son orientation sexuelle). Il y a des critères bien précis qui définissent si la personne est en danger dans son pays et, si c'est le cas, la personne a le statut de réfugié : elle a le droit de rester en Belgique et elle a les mêmes droits que les personnes de nationalité belge.
Le mot « sans papiers » désigne les personnes qui n'ont pas l'autorisation de rester sur le territoire belge. (Elles peuvent naturellement avoir des papiers d'identité, mais elles n'ont pas un titre de séjour, c'est-à-dire un document qui atteste qu'elles ont le droit de vivre en Belgique.) Une personne qui serait venue en Belgique avec un visa touristique, par exemple, et qui resterait sur le territoire belge après l'expiration de son visa serait « sans papiers ». Ce serait aussi le cas d'une personne qui aurait fui son pays, aurait demandé l'asile en Belgique mais qui n'aurait pas obtenu le statut de réfugié, par exemple, parce qu'on aurait jugé que cette personne n'est pas en danger dans son pays. Les personnes dans ce cas reçoivent un ordre de quitter le territoire. Si elles n'obtempèrent pas à cet ordre, elles vivent dans la clandestinité et risquent de se faire arrêter et expulser. Dans le film, Binti et son papa n'ont pas le droit de rester en Belgique : soit, ils sont venus avec un visa touristique qui a expiré, soit ils n'ont pas été reconnus comme réfugiés parce qu'on a considéré qu'ils n'étaient pas en danger dans leur pays.
On l'a dit, il y a un critère très précis pour décider si une personne est réfugiée : si elle est en danger dans son pays.
Mais dans la réalité, il y a toutes sortes de bonnes raisons de vouloir quitter son pays, même si on n'y est pas en danger de mort directement ! Par exemple, comment rester dans son pays s'il est ravagé par des catastrophes naturelles (inondations, incendies de forêt, ouraganä ) ? Ou bien s'il n'y a pas de travail dans son pays et qu'on ne peut pas y vivre dignement ? Certaines personnes vivent dans des bidonvilles, n'ont pas accès à l'eau, vivent dans de mauvaises conditions d'hygiène, n'ont pas les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école, ä ce sont aussi de bonnes raisons de vouloir vivre ailleurs&hellip.
1. Il faudra peut-être expliquer qu'un squat, c'est un immeuble inoccupé dans lequel s'installent des personnes, sans avoir demandé son accord au propriétaire. Parfois, ces personnes n'ont pas d'autre moyen de se loger. (C'est certainement le cas de Jovial: sans papiers, il peut difficilement trouver du travail et un logement.) Dans d'autres cas, les squatteurs déclarent qu'ils ont le droit d'occuper un immeuble qui est laissé à l'abandon.