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Extrait dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au film
En guerre
de Stéphane Brizé
France, 2018, 1 h 53

Ce dossier pédagogique consacré à En guerre de Stéphane Brizé s'adresse aux enseignants du secondaire qui verront ce film avec leurs élèves à partir de quinze ans environ. Il propose notamment une réflexion sur la notion de conflit social, telle que cette réalité est représentée dans le film. Il revient ensuite sur la progression dramatique du film qui permet de mieux comprendre les enjeux du conflit en cause. Il suggère ensuite une analyse de la mise en scène de Stéphane Brizé qui éclaire notamment le rôle des différents protagonistes. En final, on s'interrogera sur le geste tragique qui clôture le film.

L'extrait reproduit ci-dessous interroge notamment les différentes instances qui interviennent dans un conflit social comme celui décrit dans En guerre.

Un conflit social ?

En guerre, comme tous les films de fiction, met en scènes des personnages concrets, individualisés, qu'il s'agisse de Laurent Amédéo interprété par Vincent Lindon ou de Martin Hauser, le patron allemand de Dimke. Mais la querelle qui les oppose n'est évidemment pas personnelle : l'un est salarié de l'usine d'Agen, l'autre est patron d'une entreprise multinationale. C'est ce que les médias appellent de façon générale un conflit social, et les personnages jouent[1] ou occupent des rôles sociaux différents sinon contrastés.

Pour comprendre cette dimension sociale essentielle au film, il faut donc avoir une connaissance minimale de ces différents rôles qui sont en fait des abstractions conceptuelles, même s'ils s'incarnent dans des individus concrets. Sans doute, la plupart des spectateurs savent que le conflit mis en scène dans le film oppose de façon générale les « patrons » aux « ouvriers », mais il n'est pas sûr que tous les spectateurs, notamment les plus jeunes, comprennent exactement qui sont les différents personnages, quel est leur rôle, leur fonction, leur pouvoir, leur légitimité : qui est par exemple le conseiller social de l'Élysée ? qui sont les actionnaires ? qu'est-ce qu'un délégué syndical ?…

Bien comprendre ces différents rôles est évidemment essentiel si l'on veut interpréter correctement le film de Stéphane Brizé qui, s'il raconte une histoire singulière (et en grande partie fictionnelle), a évidemment une portée beaucoup plus large. C'est ce propos général qu'il conviendra de saisir ici à travers une réflexion sur les rôles sociaux incarnés par les différents personnages.

Objectifs

  • Déterminer les différentes instances mises en scène dans le film
  • Approfondir la définition de ces différentes instances

Déroulement et commentaires

Rôles/personnes

L'objectif est ici de passer à un niveau plus abstrait du film, même si ce passage se fait de façon spontanée et implicite pour beaucoup de spectateurs lors de la vision. Pour faire prendre conscience aux jeunes spectateurs de cette différence de niveau, l'on propose de leur soumettre deux listes : la première reprend le nom d'une série de personnages du film alors que la seconde énumère les rôles sociaux occupés par ces différentes personnes. Les participants seront invités à marquer d'une croix les items de ces deux listes dont ils se souviennent.

En guerre de Stéphane Brizé : les personnages et leurs rôles

Vous souvenez-vous des personnages suivants du film En guerre de Stéphane Brizé ? (Cochez simplement la case à côté du nom.) Vous souvenez-vous des différents rôles joués par ces personnages ? (Cochez simplement la case à côté du nom.)
Oui Oui
Jean-Noël Tronc Président des usines françaises de Dimke
Valérie Lamond PDG de Dimke
Jean Grosset Délégué syndical CGT
Mélanie Rover Directeur de l'usine d'Agen
Jacques Borderie Cadre à l'usine d'Agen
Cédric Dayraud Déléguée ou représentante syndicale CGT
Laurent Amédéo Délégué ou représentant syndical SIPI
Olivier Lemaire Maire d'Agen
Martin Hauser Conseiller social de l'Élysée
M. Censier Avocate des salariés

Pour satisfaire l'éventuelle curiosité des participants, voici d'abord la correspondance entre les noms des personnages et leur fonction :

Jean-Noël Tronc Maire d'Agen
Valérie Lamond Avocate des salariés
Jean Grosset Conseiller social de l'Élysée
Mélanie Rover Déléguée ou représentante syndicale CGT
Jacques Borderie Directeur de l'usine d'Agen
Cédric Dayraud Cadre à l'usine d'Agen
Laurent Amédéo Délégué ou représentant syndical CGT
Olivier Lemaire Délégué ou représentant syndical SIPI
Martin Hauser PDG de Dimke
M. Censier Président des usines françaises de Dimke

Il est vraisemblable que la plupart des noms de personnages auront été oubliés ou n'auront tout simplement pas été remarqués. Seul le nom de M. Hauser, le patron allemand de Dimke, aura sans doute été suffisamment répété pour pouvoir être facilement identifié. Mais il n'est pas sûr que beaucoup de spectateurs aient même retenu le nom de Laurent Amédéo, le syndicaliste personnage principal du film, qui aura plus certainement été identifié par le visage et le nom de son interprète, Vincent Lindon[2].

En revanche, les rôles des différents personnages seront facilement reconnus : nous nous souvenons facilement de l'avocate des salariés même si son nom nous échappe. Semblablement, nous nous souvenons facilement de l'intervention du cadre lors d'une réunion syndicale même si son nom nous échappe ou n'a même pas été cité dans le film.

Parfois, c'est la réflexion et la connaissance du monde social qui permettent d'identifier les rôles des uns et des autres : on connaît la combativité du syndicat CGT en France, et l'on devine facilement — même si le nom du syndicat apparaît également à plusieurs reprises sur leurs vareuses — que les deux leaders du mouvement de grève (Amédéo et la syndicaliste aux cheveux blonds et à lunettes) appartiennent à ce syndicat, et que leurs « opposants » appartiennent à un autre syndicat propre à cette entreprise (le SIPI, qui est le Syndicat indépendant de Perrin Industrie[3]).

Posons donc la question aux participants :

  • Pourquoi nous souvenons-nous plus facilement de la fonction occupée par les personnages que de leur nom ?
  • Est-ce toujours le cas au cinéma ?

Demandons-leur également :

  • Tous les rôles cités leur paraissent-ils clairs ?
  • Ont-ils, ont-elles eu des difficultés à identifier certains de ces rôles ?

Et y a-t-il des rôles qui sont importants mais qui n'apparaissent pas dans cette liste ? L'objectif de ce petit questionnement est de mettre en évidence la dimension sociale du film qui se distingue ainsi d'un autre type de film par exemple psychologique4 où c'est la personnalité des individus qui importe. La vie personnelle d'Amédéo apparaît dans le film, mais l'essentiel de son comportement, tel qu'il est montré dans le film, est conditionné par sa fonction de délégué syndical. Son rôle pourrait être assumé par une autre personne, ou sa vie familiale pourrait être tout à fait différente sans que cela ne change fondamentalement les événements mis en scène dans le film. Et quand M. Hauser explique qu'il aime la France et qu'il y passe ses vacances, cette affirmation sonne faux parce qu'elle n'a aucune pertinence dans le contexte du conflit social en cours.

Comment alors décrire et comprendre les différents rôles des personnages mis en scène dans le film ? Suggérons aux participants de travailler en petits groupes de quatre ou cinq personnes pour réaliser un graphe des personnages. Il s'agira d'abord de déterminer une, deux, trois, quatre ou cinq instances principales dans le film (qu'on pourra symboliser sous forme d'ensembles disjoints ou bien qui se recouvrent en partie), puis de situer les différents personnages par rapport à ces instances. On attirera l'attention des participants sur le fait que certaines instances ne sont pas ou peu visibles. Après un temps de réflexion, les différents groupes confronteront les diagrammes qu'ils auront réalisés et essaieront de préciser celui ou ceux qui leur paraissent les plus pertinents. On pourra compléter le diagramme retranscrit au tableau par toutes les remarques jugées intéressantes.

Voici un exemple d'analyse des principaux rôles mis en scène dans le film et le diagramme qui sera construit en plusieurs étapes pour représenter ces différents rôles.

  • Deux instances principales apparaissent immédiatement : celui de la direction de l'usine et celui des ouvriers d'Agen menacés par la fermeture de leur site industriel. Assez naturellement, l'on positionnera la direction « au-dessus » des ouvriers puisqu'elle détient le pouvoir de décision.
  • Chacune de ces instances se différencie facilement. La direction est hiérarchisée, avec le directeur du site d'Agen, le responsable de toutes les entreprises françaises du groupe et la direction allemande. Les ouvriers quant à eux sont représentés par des délégués syndicaux qui mènent les actions et qui participent aux négociations (quand il y en a). Le film bien sûr va montrer la division qui apparaîtra progressivement au sein des ouvriers entre ceux qui veulent la continuation de l'activité industrielle du site et ceux qui se résignent à sa fermeture en échange d'une prime supplémentaire de licenciement.
  • Un troisième acteur joue un rôle important : c'est l'État français, ou plus exactement son gouvernement représenté par le conseiller social de l'Élysée, qui mettra les deux groupes en présence à la table de négociation. Quelle est alors la place de cette instance ? Symboliquement, on remarquera que le conseiller social se placera en face des ouvriers lors de la première réunion alors que les représentants patronaux sont sur sa gauche. En revanche, lors de la réunion décisive avec M. Hauser, PDG allemand de Dimke, il est assis à une table entre les deux groupes. On aurait donc tendance à placer l'État français dans une position de tiers, mais on peut aussi penser que le film montre par son déroulement qu'il est plutôt favorable au patronat : c'est certainement un point qui méritera une discussion ultérieure.
  • On se souviendra alors du cadre qui apparaît lors d'une réunion syndicale : de quel côté le ranger ? Ou bien ce cadre fait-il partie d'un groupe indépendant ? On se souviendra à ce propos que les responsables de l'entreprise (locale ou internationale) ne se présentent jamais seuls : ils sont accompagnés de cadres au rôle plus ou moins défini (responsable financier, directeur des ressources humaines, directeur administratif…). Leur position à la table des négociations les place décidément du côté des dirigeants patronaux, même si l'on peut considérer que celui présent à la réunion syndicale est un « transfuge ».
  • Tous les personnages trouvent-ils ainsi leur place dans ce diagramme ? Un peu de réflexion fait apparaître, derrière les trois grandes instances représentées, d'autres instances moins visibles ou à peine évoquées mais importantes.
    • C'est Amédéo qui, lors des discussions, souligne le rôle des actionnaires auxquels « obéit » en réalité M. Hauser et qui le poussent à fermer le site d'Agen pour augmenter la rentabilité de l'entreprise globale et augmenter les dividendes versés aux actionnaires[5]. C'est également Amédéo qui conduit les grévistes au siège du Medef, une organisation qui fédère le patronat et qui lui permet de présenter un « front uni » dans les négociations globales avec l'État ou les syndicats.
    • L'État comprend le pouvoir exécutif (dirigé en France par le Président de la République qui réside comme on le sait au Palais de l'Élysée) mais également le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. Le pouvoir judiciaire est clairement évoqué dans le film puisque c'est une décision de justice qui confirme que Dimke a le droit de fermer l'usine d'Agen au nom de la rentabilité du groupe. Et c'est le pouvoir législatif (le Parlement) qui a légiféré de manière constante en vue de protéger la propriété privée, en l'occurrence, celle des actionnaires de Dimke : comme le rappelle le conseiller de l'Élysée, l'État ne peut pas obliger Dimke à céder le siège d'Agen à un éventuel repreneur…
    • Enfin, du côté des ouvriers, l'on voit que les salariés d'Agen peuvent au moins pendant un moment bénéficier du soutien de ceux de l'usine de Montceau-les-Mines qu'ils ont envahie. Ils recevront également un soutien financier, même s'il est limité, des ouvriers d'une usine anglaise du groupe. Autrement dit, le groupe des salariés dans son ensemble a des intérêts communs face aux dirigeants du groupe.
  • Enfin, il y a une instance qui est très active dans le film même si sa présence peut facilement passer inaperçue : c'est la télévision et les médias qui rendent compte des événements en cours mais qui influent également très fortement sur ces événements. Lorsque la voiture de M. Hauser est renversée et qu'il est blessé à la tête, ces images montrées à la télévision amènent le conseiller de l'Élysée à se retirer complètement de la négociation (il peut d'ailleurs s'agir d'un prétexte dans le chef de ce conseiller qui, en réalité, a dû reconnaître qu'il n'avait aucun moyen de pression sur la direction de Dimke). On voit ainsi que les médias ont un rôle ambivalent : pour les ouvriers en grève, ils sont des alliés quand ils font connaître le licenciement de 1100 personnes à Agen (c'est l'ouverture du film), ce qui oblige sans doute le gouvernement à réagir, mais ils peuvent aussi provoquer un retournement de l'opinion publique et du gouvernement lorsqu'ils montrent les violences des grévistes. Le suicide d'Amédéo annoncé dans les médias amènera d'ailleurs le groupe Dimke à un dernier revirement.

On peut donc résumer tout ceci de la manière suivante :

Ci-dessus, un diagramme représentant les grandes instances sociales dans le film En guerre : les dirigeants de l'entreprise, les salariés essentiellement ouvriers et l'État qui se pose en médiateur. On doit aussi souligner le rôle des médias qui rendent compte des événements mais qui influent aussi sur leur déroulement. Dans ce diagramme, on a souligné le nom ou l'appellation des personnages ou acteurs de tout type qui sont effectivement visibles à l'écran. Les autres dont l'existence est seulement évoquée ne sont pas soulignés.

D'autres représentations des relations sociales décrites dans En guerre sont-elles possibles ? Une vision plus manichéenne, mais pas nécessairement fausse, consisterait à ranger l'État ainsi que les médias du côté du patronat : c'est une conception qu'on retrouve notamment chez Karl Marx et ses successeurs pour qui ces deux instances (État et médias[6]) doivent être considérées comme des superstructures par rapport à la base économique qui est réellement déterminante et où a lieu la véritable lutte des classes entre prolétaires salariés et bourgeois détenteurs des moyens de production. Dans une telle conception, ces « superstructures » doivent être considérées comme des « alliés » du patronat ou comme faisant partie de la classe dominante.

Une autre manière de représenter la situation mise en scène dans En guerre pourrait se baser sur le concept de mondialisation : sous l'influence du capitalisme, l'économie s'internationalise de plus en plus, les marchés ne connaissent plus de frontières, les entreprises délocalisent leurs systèmes de production là où les frais de production et en particulier les salaires sont moins chers… C'est d'ailleurs un thème qui est largement relayé par les responsables de Dimke : ils parlent ainsi à plusieurs reprises d'un « environnement mondial » de plus en plus concurrentiel. Le conseiller de l'Élysée parle de façon similaire quand il dit que le gouvernement ne peut pas intervenir de manière forte dans le domaine économique, car un tel interventionnisme ferait fuir les investisseurs étrangers. Dans une telle conception, l'échelon national (ou local) est soumis au marché international : les décisions concernant l'usine d'Agen se prennent en Allemagne, les ouvriers français sont mis en concurrence avec les ouvriers d'Europe centrale ou orientale, les actionnaires internationaux reçoivent des dividendes d'entreprises dispersées dans le monde, la concurrence mondiale fragilise les entreprises françaises, et les grands groupes internationaux comme Dimke rejettent les offres de rachat locales (comme celle de M. Barral) pour éviter une éventuelle concurrence…

Cette opposition entre le niveau national et international est certainement présente dans le film de Stéphane Brizé, même si elle n'est pas très soulignée. Mais l'on sait qu'en France (sans doute moins en Belgique ou dans d'autres pays), elle est l'objet de débats intenses entre les tenants d'une ouverture des marchés et les défenseurs d'un protectionnisme plus ou moins accentué en matière économique.

Prolongement : le titre du film

Le titre du film de Stéphane Brizé, En guerre, mérite bien sûr un peu de réflexion. On pourra notamment poser aux spectateurs des questions comme :

  • De quelle guerre s'agit-il ?
  • Quels sont les camps en présence ? Qui est « allié » avec qui ?
  • La guerre est-elle « locale » ou « générale » ?
  • Tout le monde considère-t-il qu'il y a une guerre ? Qui dans le film dit qu'il y a une guerre ?
  • Et vous, pensez-vous qu'il y a une guerre ? Laquelle ? Pourquoi ?

Il n'y a pas bien sûr de réponse unique à ces questions qui visent surtout à susciter l'échange et la réflexion.


1. Le concept de rôle social a notamment été développé par Erving Goffman dans son ouvrage aujourd'hui classique sur les Rites d'interaction (Paris, Minuit, 1974). La notion, qui lui est associée, de jeu (« jouer un rôle ») ne doit cependant pas masquer le caractère évidemment sérieux des rôles sociaux. Un directeur comme M. Hauser joue sans doute un rôle, celui d'un PDG, mais il n'y a aucune différence entre sa personne et son rôle (alors qu'il y a une différence entre l'acteur et le personnage qu'il incarne): il est « pleinement » patron quand il se trouve face aux employés, même si, à d'autres moments, il peut être père de famille ou touriste en vacances en France (ce qui constitue d'autres rôles).

2. Il n'est pas sûr que tous les jeunes spectateurs connaissent le nom de Vincent Lindon, même si son visage leur est sans doute connu à travers notamment ses apparitions à la télévision. Bien entendu, comme personnage principal, il apparaît abondamment à l'écran et est facilement reconnu par les spectateurs.

3. Ce syndicat comme l'entreprise dont il dépend est évidemment fictif, mais on trouve dans beaucoup d'industries ce genre de syndicats « maison ».

4. Bien entendu, même dans un film psychologique, les personnages jouent des rôles sociaux, par exemple mari et femme dans un couple hétérosexuel, et ce rôle influe sur leur comportement.

5. Pour les jeunes participants, rappelons que les grandes entreprises sont très généralement constituées en Sociétés Anonymes dont la propriété est divisée en multiples parts appelées actions. L'ensemble des actions, qui ont été achetées par des particuliers ou par d'autres sociétés (comme les fonds de placement), forme le capital de base de l'entreprise (achats des locaux, des machines, des outils, etc.). Chaque année, les actionnaires sont en principe rémunérés par des dividendes, mais ils peuvent également revendre leurs actions avec un bénéfice si l'entreprise est prospère et promet des bénéfices ultérieurs (les actions des plus grandes entreprises sont vendues en Bourse, qui est un marché financier où le cours des actions varie en fonction de leurs résultats présents ou futurs). Les actionnaires participent à une assemblée générale (annuelle en principe) qui nomme un conseil d'administration chargé de surveiller la gestion globale de l'entreprise. La gestion quotidienne de l'entreprise est confiée à un président, à un administrateur délégué ou à un PDG (président directeur général) comme M. Hauser qui est en général salarié (même s'il reçoit également différentes formes de primes).

6. Bien entendu, les médias audiovisuels n'existaient pas à l'époque de Karl Marx. Mais celui-ci a affirmé par exemple que « les pensées de la classe dominante sont à toutes les époques les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante est aussi la puissance dominante spirituelle » (L'Idéologie allemande). Cela s'explique par le fait que les «producteurs d'idées» (les intellectuels, les artistes, les philosophes…) appartiennent peu ou prou à la classe dominante et que les moyens matériels (les livres, la presse au 19e siècle) de diffusion de ces idées appartiennent à la classe dominante : « La classe qui dispose des moyens de la production matérielle dispose, du même coup, des moyens de la production intellectuelle, si bien que, l'un dans l'autre, les pensées de ceux à qui sont refusés les moyens de production intellectuelle sont soumises du même coup à la classe dominante. »


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