Extrait du dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au dessin animé
Iqbal, l'enfant qui n'avait pas peur
de Michel Fuzellier et Babak Payami
France, 2016, 1h20
Ce dossier consacré au programme Iqbal, l'enfant qui n'avait pas peur est destiné aux enseignants et enseignantes du primaire qui verront ce film avec leurs élèves entre 7 et 12 ans environ. Il propose plusieurs animations à mener en classe après la projection et qui ont pour objectifs d'amener ceux-ci à réfléchir aux différentes dimensions du film.
L'extrait de ce dossier proposé ci-dessous propose une réflexion sur la notion même de travail des enfants.
Dans les pages précédentes [du dossier imprimé], nous avons parlé d'« exploitation des enfants par le travail », alors que, dans le langage courant, on parle plutôt du « travail des enfants ». Il y a évidemment une nuance entre ces deux expressions. Après tout, il y a toutes sortes de circonstances dans lesquelles il est normal et souhaitable que les enfants travaillent ! C'est cette distinction que nous souhaitons développer maintenant.
L'intention de cette animation est de réfléchir avec les enfants sur la notion de « travail », sur les enjeux du travail pour les enfants, ce qu'il permet et ce qu'il empêche.
Posons les questions suivantes aux jeunes spectateurs :
Invitons ensuite les enfants à compléter ce tableau, en grand groupe.
Il s'agit de considérer chacune des propositions suivantes et de décider si c'est une situation normale ou anormale. Certaines situations sont relativement proches l'une de l'autre et pourtant différentes, d'autres sont trop sommairement décrites pour pouvoir se faire une idée… Aussi, il faut exercer son esprit critique pour dégager les enjeux de chacune de ces propositions : notamment les raisons de ce travail, à qui il profite et ce qu'il empêche éventuellement de faire…
Le travail des enfants : normal ou anormal ? |
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Normal ? | Anormal ? | |
Renaud aide à dresser la table ou à faire la vaisselle | ||
Maria cuisine pour toute la famille, tous les jours | ||
Mona fait ses devoirs et étudie ses leçons | ||
Sami travaille son piano après le cours de musique | ||
Kim travaille dans une usine où on fabrique des chaussures | ||
Nicolas cire les chaussures des passants pour gagner de l'argent | ||
Zoé lave la voiture des voisins pour gagner de l'argent de poche | ||
Melissa vend des beignets dans la rue avec sa maman | ||
Elias range sa chambre | ||
Grace récolte de l'argent pour une marche parrainée | ||
Toni garde son petit frère |
Ce sont différentes conceptions du travail qui sont envisagées ici : travailler son piano ou travailler son coup droit au tennis, c'est évidemment très différent de travailler dans une usine ! Le mot « travail » évoque dans les deux cas une action qui vise à transformer quelque chose : transformer des matières premières en un objet ou transformer une habileté en une meilleure habileté, ce qui suppose dans les deux cas un effort, une dépense d'énergie… Et ce travail « enrichira » la personne qui le fait par son salaire ou tout autre compensation, ou par un sentiment de valorisation, de fierté, et la possibilité d'« aller plus loin »…
Dresser la table, faire la vaisselle, ranger sa chambre, garder son petit frère (quand les parents sortent pour un temps raisonnablement long…), récolter de l'argent pour une marche parrainée sont des travaux que l'on peut qualifier de services que l'on rend. Ils sont ponctuels, donc ils n'empêchent pas d'avoir d'autres activités importantes pour l'enfant. Ils permettent d'apprendre des gestes élémentaires, d'apprendre la solidarité (partager les tâches qui profitent à toute la famille, voire à la collectivité…), d'apprendre à faire face à des responsabilités… Ce sont des tâches qui, finalement, participent au développement de l'enfant.
Faire ses devoirs ou travailler son instrument de musique, même si c'est pour répondre à la demande du professeur, sont des tâches qui profitent à l'enfant lui-même. Elles font partie intégrante de la formation, de l'éducation de l'enfant. Celui-ci fait un apprentissage lié à l'objet de son devoir mais il apprend aussi à se débrouiller, à travailler seul.
Travailler dans une usine, cirer des chaussures ou vendre des beignets sont des travaux qui sont réalisés pour obtenir un salaire. L'argent gagné profitera à l'ensemble de la famille. (Mais dans le cas du travail en usine, le travail lui-même profite au patron, qui gagne de l'argent en exploitant l'enfant…) Il se peut que ces travaux soient dangereux (par exemple en usine, quand on est confronté à des produits dangereux ou qu'on doit manipuler des outils dangereux…). Dans tous ces cas, ces travaux sont faits quotidiennement, ils empêchent de faire d'autres choses très importantes dans le développement d'un enfant, notamment aller à l'école.
Ainsi, pour évaluer chaque situation de travail, il faut pouvoir répondre à ces questions :
Si ce travail prend trop de temps dans la vie de l'enfant, cela l'empêche de faire d'autres choses importantes comme aller à l'école, jouer ou dormir… Donc, ce n'est pas normal. Si le travail fourni par l'enfant profite à quelqu'un d'autre que lui-même ou sa famille, ce n'est pas normal non plus.
Finalement, on peut opposer deux types de travail : le travail qui fait grandir et le travail qui empêche de grandir !
Invitons les enfants à décrire en quelques tranches horaires leur emploi du temps d'une journée type, avec des activités comme :
On pourrait dire que toutes ces activités participent au développement des enfants. Concrètement, il faut manger et dormir pour grandir. Mais « se détendre » permet d'être en pleine forme au moment d'apprendre quelque chose. Quant au jeu, il participe à la fois à la détente mais aussi bien souvent à l'apprentissage, un apprentissage différent de celui des matières scolaires. Finalement, presque toutes les activités de la journée servent au bon développement de l'enfant ! (Et bien sûr, si ces activités apportent du plaisir en plus, c'est encore mieux.)
Il faut noter que ces activités doivent évidemment être équilibrées. Toutes ces activités ont du sens, les unes par rapport aux autres. Dormir ou jouer toute la journée ne remplacera pas un apprentissage formel comme les tables de multiplication !