Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film d'animation
Le Chant de la mer
de Tomm Moore
Irlande, 2014, 1h30
Le dossier pédagogique consacré au dessin animé Le Chant de la mer s'adresse d'abord aux enseignants du primaire qui souhaitent aborder ce film avec un public d'enfants entre six et neuf ans environ. iIl propose plusieurs animations qui pourront être mises en œuvre en classe rapidement après la projection. Après plusieurs animations consacrées à la compréhension du film, celle reproduite ci-dessous s'attache à l'analyse de queluses images remarquables du Chant de la mer.
Les images de la série C [disponsibles dans le dossier pédagogique imprimé] ont été sélectionnées en fonction de leur caractère esthétique, original mais aussi didactique d'un point de vue cinématographique et pictural. Pour le côté pratique, l'on invitera éventuellement les élèves à se rassembler autour des images, posées par exemple sur un banc à l'avant de la classe ou, mieux, aimantées au tableau.
Bruna, la maman de Ben et Maïna, chante une chanson au petit garçon. Cette image apparaît au début du film et de larges bandes noires obliques recouvrent une partie de l'image. Que représentent ces bandes noires? Nous indiquent-elles quelque chose sur ce qui est en train de se passer?
Bruna est assise sur le lit de Ben qui l'écoute et s'endort peu à peu. Cette image rend donc compte de son point de vue de manière hyper subjective car les bandes noires représentent en réalité ses paupières qui se ferment de plus en plus!
La grand-mère dort dans une chambre du phare. Tout le pan de mur est recouvert de l'ombre inquiétante de sa perruche. Pourquoi l'ombre de cet oiseau inoffensif est-elle soudain si menaçante? Quels liens pourrait-on faire avec la suite des événements?
L'ombre démesurée de la perruche de la grand-mère annonce les hiboux de Macha la sorcière qui apparaît plus tard dans le film et qui incarne par ailleurs le double magique de la grand-mère.
Maïna suit les lumières apparues après avoir soufflé dans le coquillage. Pendant qu'elle monte l'escalier, son ombre se reflète sur le mur. L'ombre de Maïna n'est-t-elle pas bizarre?
L'ombre ne correspond pas du tout à celle de la petite fille mais à celle d'un phoque! Comme c'était le cas pour l'image précédente, l'ombre du personnage annonce un élément du film que l'on ne connaît pas encore. Dans ce cas-ci, il s'agit de la transformation future de Maïna en phoque qui aura lieu dans la séquence suivante.
Le grand Chanaki est perché sur un rocher au milieu de sa grotte. Il ne sait pas encore que Ben va débouler avec son histoire de selkie. Que représentent ces sortes de lianes blanches qui traversent l'image de haut en bas et se terminent en spirale dans l'eau de la grotte?
Ce sont les cheveux et poils de barbe du vieux sage! S'il a autant de cheveux et une barbe aussi longue, c'est qu'ils ont chacun un lien avec une histoire. En outre, tant que cette histoire suit son cours, le cheveu continue de pousser. C'est dire si le monde recèle des légendes qui continuent d'évoluer depuis la nuit des temps!
Grand-mère oblige Ben et Maïna à venir habiter avec elle, en ville. Pendant le trajet en voiture qui les y emmène, Ben note tout ce qu'il voit sur un bout de papier pour être capable de faire seul le chemin en sens inverse. Comment est faite cette image?
Pour rendre compte de l'action simultanée (le paysage qui défile et Ben qui le dessine), apparaissent alors à l'écran des images divisées (que l'on nomme «split screen» c'est-à-dire écran divisé en anglais et dans le jargon cinématographique) entre d'une part, le «vrai» paysage qui défile et la version dessinée qu'en fait Ben d'autre part. À d'autres moments, le croquis de Ben apparaît en arrière-plan, remplaçant complètement le paysage de fond.
Au premier plan de l'image C7, un blaireau et ses petits dorment à l'abri de leur terrier. N'y a-t-il rien d'étonnant dans la manière dont ce terrierest montré?
L'objectif d'un terrier étant bien entendu de protéger des menaces extérieures les mammifères qui y hibernent, il est creusé sous la terre! Si les auteurs du film avaient voulu représenter la nature de façon réaliste, ils n'auraient pas montré cet abri, sensé être invisible au promeneur qui, comme Ben et Maïna, marche à la surface de la terre C'est comme si les auteurs avaient réalisé une «coupe» longitudinale dans l'image, de manière à faire apparaître ce qui est normalement invisible.
Le même principe de coupe rend visibles les racines de l'arbre le long desquelles Ben remonte après avoir rencontré le Chanaki (C8). Le choix des couleurs et la forme des racines achèvent de donner un aspect poétique et surnaturel à l'image. Ainsi, à l'instar des personnages, le spectateur a lui aussi la sensation de percer quelques-uns des secrets de la naturepuisqu'un point de vue «impossible», omniscient, lui est proposé.