Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Le Petit Roi et autres contes
un programme de courts métrages de Lajos Nagy & Mária Horváth
Hongrie, 2013, 40 min
Les animations présentées dans ce dossier pédagogique consacré au Petit Roi et autres contes s'adressent aux instituteurs et institutrices de l'enseignement maternel et à leurs élèves à partir de trois ans. Elles aideront les enfants à se souvenir des histoires et à en comprendre le sens général, à repérer et caractériser l'originalité de leur mise en images ou encore à explorer différentes dimensions du graphisme: l'utilisation de la couleur, la stylisation et la référence à la broderie hongroise, l'attention portée aux personnages, à leurs costumes et à leurs accessoires, et enfin, l'absence de perspective caractéristique de la représentation. L'extrait proposé ci-dessous porte sur l'observation d'images tirées du film.
Les cinq courts métrages qui composent le programme Le Petit Roi et autres contes sont dépourvus de dialogues. Accompagnée d'un récit en voix off, chaque histoire racontée s'anime dans les images grâce à l'utilisation de pictogrammes, à l'exagération de gestes, d'expressions émotionnelles ou de postures , ou encore grâce à une forme de représentation «économique» (ainsi, une paire de mains pour un corps, une porte d'entrée pour une maison, etc.).
D'un court métrage à l'autre, cette mise en images, particulièrement ingénieuse et riche en trouvailles, est donc pleine de ressources pour amener les tout petits à identifier, caractériser et interpréter à leur niveau tous ces éléments visuels qui contribuent à rendre vivante une histoire sans dialogues. C'est cet objectif qui sera poursuivi tout au long de l'activité à travers l'observation de douze images du film.
Disposons sur une table les images de la série B, éventuellement agrandies et photocopiées en couleur.
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Intéressons-nous à ces illustrations en invitant tour à tourles enfants à choisir une image qui montre quelque chose d'un peu étrange.
Lors de chaque intervention, demandons aux enfants s'ils se souviennent de la situation du film où l'image prend place et attardons-nous avec eux sur les indices visuels relevés en les aidant à verbaliser ce que les images ont d'intrigant, de bizarre; interrogeons-les enfin sur les raisons qui, selon eux, expliquent leur présence:
Comme nos représentations mentales, qu'elles soient le produit d'un rêve ou le résultat conscient de nos pensées ou de notre perception du monde, ont leur siège dans notre cerveau, les réalisateurs ont choisi à plusieurs reprises d'accompagner le récit du narrateur par des éléments visuels directement inscrits sur le front de certains personnages (ainsi le rêve que raconte la jeune princesse célibataire dans l'Histoire du Veau d'or ou encore les explications que la vieille dame donne à Janko dans Le Petit roi).
D'autres illustrations intriguent encore par une localisation inhabituelle de motifs, représentés à divers endroits sur le costume ou le corps des personnages comme, par exemple, dans l'Histoire du Veau d'or, avec le soleil et la lune à la place des pupilles et des étoiles scintillant sur les dents du prince en quête d'une épouse
Par ailleurs, d'autres peuvent étonner par la matérialisation symbolique d'éléments non figuratifscomme les sentiments éprouvés par les personnages le cœur pour l'amour et, de manière moins conventionnelle, les épis stylisés qui en émanent pour la transmission de ces sentiments amoureux dans les Trois frères, un troisième œil pour le coup de foudre dans l'Histoire du Veau d'Or ou comme les paroles qu'ils prononcent (ainsi les volutes végétaux stylisés qui représentent la conversation entre le roi et la jeune fille pauvre dans le Château maudit).
À d'autres moments, certaines postures ou réactions, éloignées de tout réalisme par leur exagération, auront peut-être aussi intrigué les enfants, comme ces larmes qui ressemblent à une fontaine ou la manière dont est représenté le lien filial dans le Château maudit. Toujours dans le même court métrage, la juxtaposition, dans des échelles de grandeur totalement différentes, de la silhouette de la jeune fille et de son visage produit également un effet étrange. Étonnante aussi la coexistence du même personnage dans des postures différentes au sein de la même image
On observe enfin de manière récurrente l'utilisation d'une forme d'illustration «économique» du récit fondée sur la métonymie, plus particulièrement la synecdoque visuelle, qui consiste à représenter des personnages ou des éléments de décor en en dessinant qu'une seule partie représentative du tout. C'est ainsi le cas de plusieurs situations du Château maudit (des paires de mains pour des personnages, des portes d'entrée pour des maisons) ou encore du Joueur de flûte (une main pour le petit berger).
Ci-dessous, l'enseignant trouvera quelques commentaires qui permettront de resituer dans leur contexte toutes les images proposées aux enfants, mais aussi d'identifier et d'interpréter de façon très simple ce que ces images ont d'étrange.
Quelques commentaires à propos des images (série B)Les quatre premières illustrations (B1 à B4) sont extraites de l'Histoire du Veau d'or. B1. L'image montre, au centre d'une forme ovale dessinée sur le front d'une jeune fille, un visage malade portant lui-même sur le front une feuille de chêne, comme si la seconde tête se trouvait à l'intérieur de la première, ce qui, bien sûr, est impossible! B2. Ce qu'il y a d'étrange dans cette image, c'est le troisième œil qui apparaît entre les deux yeux des jeunes gens. Ce troisième œil, qui est entouré d'un halo jaunâtre et semble relier le jeune homme à sa guérisseuse, n'existe évidemment pas! B3. L'image montre le prince représenté deux fois: une fois assis à l'avant de l'image, de face et avec le visage appuyé sur les mains, et une fois debout et de profil, avec un air préoccupé et marchant dans le ciel au centre d'une boule stylisée qui représente la lune ou le soleil. B4. Cette image montre le visage heureux du jeune homme en train de montrer ses dents sur lesquelles scintillent des étoiles. L'illustration, qui ressemble un peu à une publicité pour du dentifrice et des dents «scintillantes» de blancheur, se distingue encore par ses yeux, dont les pupilles ont la forme du soleil pour l'une et celle de la lune pour l'autre. Les images suivantes (B5 à B9) proviennent du Château mauditt. B5. Cette image est surprenante et plutôt comique. Elle montre une jeune fille émerger de sous la robe d'une vieille dame qui, tout en se tenant jambes écartées, s'élève dans les airs. Toutes deux ont une même position très rigide: elles se tiennent raides et droites, avec les mains croisées devant elles.
L'image apparaît au début du court métrage, lorsque le narrateur explique qu'une vieille dame pauvre avait une fille. B6. Deux détails sont ici à soulignerdans cette image: les larmes de la jeune fille, dont le jet est allongé démesurément au point d'évoquer une fontaine, et les quatre mains isolées prêtes à transporter le cercueil de sa mère.
Cette image apparaît quand le narrateur évoque la mort de la vieille dame, qui disparaît dans le plus grand dénuement et en laissant derrière elle une orpheline. B7. Le visage perplexe et contrarié, la jeune fille pauvre se retourne sur cinq portes ouvertes. Dans l'encadrement de chaque porte, une paire de mains apparaît, l'un des deux index étant pointé sur un objet tenu dans la seconde main. Tous ces objets évoquent le travail: l'entretien d'une maison avec un balai et un seau d'eau; les travaux des champs avec une fourche, une faucille et une binette. B8. Ce qu'il y a d'étrange dans cette image, c'est l'espèce de volute végétal qui sort de la bouche du roi et les pièces d'or qui en tombent, venant s'amonceler sur le sol aux pieds de la jeune fille pauvre. B9. Nous voyons de profil la silhouette de la jeune fille s'apprêtant à passer l'une des nombreuses portes du château pour lequel elle vient de conclure un marché avec le roi. Cette silhouette, de petite taille, contraste avec son visage, que nous voyons dédoublé dans le même axe et sur la même image, juste sur sa droite et dans des proportions démesurées. L'absence de perspective et le fait que les deux regards semblent se prolonger donnent une dimension surprenante à l'image, un peu comme si la tête beaucoup plus grosse et donc apparemment plus proche allait plus vite que le corps qui la supporte, lui-même de petite taille et donc apparemment plus lointain. B10. L'image B10 appartient au Joueur de flûte. Nous ne voyons sur cette image qu'une main isolée prête à recueillir un mouton. Mais les souvenirs gardés du film nous permettent de reconnaître facilement l'agneau aux poils d'or et d'imaginer que la main placée juste en dessous appartient au petit pâtre joueur de flûte. B11. L'illustration B11 provient des Trois frères. Cette image montre une princesse et un jeune homme venu lui demander sa main.
Il s'agit du moment où la grenouille, à qui le plus jeune des trois frères s'est montré entièrement dévoué, se transforme en jolie princesse. B12. Enfin, la dernière image est extraite du Petit roi. Sur le front d'une vieille dame et tout autour de sa tête, nous apercevons une sorte de caracole, des arbres ainsi que des blocs qui ressemblent à des cailloux ou à des rochers, le tout étant surmonté d'un cheval ailé à six pattes. |