Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au dessin animé
Le Petit Gruffalo
un programme de films d'animation comprenant
Des pas dans la neige,
de Makiko Sukikara, Japon, 6 min ;
Le Chemin d'un lièvre,
de Lotte Van Elsacker, Allemagne, 6 min ;
L'Oiseau et la feuille,
de Lena Von Döhren, Suisse, 4 min ;
Le Petit Gruffalo,
de Johannes Weiland et Uwe Heidschöttere,
Grande-Bretagne, 27 min
Ce dossier consacré aux programme de courts métrages Le Petit Gruffalo propose aux enseignants du maternel des activités qui leur permettront de revenir en classe sur les étapes importantes du film, d'en approfondir la compréhension en s'appuyant principalement sur les souvenirs des enfants mais aussi de tisser des liens entre les différents films du programme. D'autres activités portent sur le graphisme des décors et des personnages et visent à stimuler et à tirer parti du sens de l'observation des plus jeunes.
L'extrait ci-dessous revient plus particulièrement sur différents éléments du Petit Gruffalo qui méritent sans doute une explication supplémentaire avec les jeunes spectateurs.
Les questions et les commentaires ci-dessous ne doivent pas être utilisés tels quels en classe mais visent à nourrir l'échange que les élèves et leur instituteur-trice pourront avoir autour du film. Les élèves formuleront peut-être ces questions spontanément au cours de la discussion dont le but est d'améliorer plutôt que vérifier la bonne compréhension de l'histoire en apportant les réponses (directement ou indirectement, en encourageant l'esprit de déduction par exemple) aux questions que les élèves se poseraient toujours.
Le petit gruffalo est le fils du gruffalo (voir l'affiche du film ci-dessous) [1]. Il ressemble beaucoup à son papa (il en est une sorte de version miniature) mais il fait aussi penser à un petit d'homme : il se tient debout sur deux jambes, parle, joue, est curieux de tout, ressent et exprime des émotions variées (émerveillement, joie, colère, déception, peur, soulagement, …).
Le petit gruffalo n'existe pas, il est le héros d'une histoire racontée par un écureuil… qui n'existe pas non plus puisqu'il est le fruit de l'imagination et du travail de scénaristes et d'animateurs.
Pour que son petit s'éloigne le moins possible de lui et de la grotte familiale, son père le gruffalo lui raconte qu'une souris géante et très méchante habite dans la forêt et représente un grand danger pour les gruffalos : lui-même l'a rencontrée des années auparavant et il en est toujours traumatisé. On se souvient que dans le premier film, il se laisse berner par une toute petite souris qui parvient à lui faire croire qu'elle va le dévorer ! Lorsqu'il raconte cet épisode à son fils, il se garde bien de lui donner tous ces détails qui ne sont pas à son honneur et lui décrit une souris « à la force incroyable, à la queue couverte d'écailles et d'une longueur incroyable, aux yeux brûlants comme des lacs de feu et aux moustaches dures comme de l'acier ». Bref, exactement le genre de créature qu'un gruffalo se doit d'éviter.
Sa ruse ne fonctionne pas du tout, au contraire : elle éveille la curiosité du petit gruffalo et fait travailler son imagination au point de transformer cette souris « très grande et très méchante » en un personnage à part entière : la grande méchante souris. Dès lors, il voudra à tout prix la rencontrer et se rendre dans la forêt très très sombre…
Bien sûr que non ! Soit le gruffalo croit que la souris est réellement capable d'en faire du pâté ; soit il a finalement compris qu'il s'était fait berner mais s'en sert comme prétexte pour empêcher son garçon de s'éloigner de la maison et de s'exposer aux dangers, réels ou imaginaires, que la forêt pourrait receler.
Sa quête, ou plutôt son enquête, ne se passe pas sans encombre. Pour trouver la grande méchante souris, il décide de suivre des empreintes laissées dans la neige et qui le mèneront peut-être à elle. Mais les empreintes qu'il découvre le mènent à chaque fois au repaire d'un animal qui n'a rien d'extraordinaire. Pour commencer, un sillage laissé dans la neige le conduit à un tas de bois d'où dépasse une queue couverte d'écailles : c'est celle du serpent et non celle de la souris. Il suit ensuite d'autres empreintes qui le conduisent cette fois jusqu'à un arbre où des yeux brûlent comme des lacs de feu : mais ce sont les yeux du hibou et non ceux de la souris. Enfin, d'autres empreintes le mènent à un terrier d'où dépasse un museau orné d'une belle paire de moustaches… qui appartiennent au renard et non à la grande méchante souris.
Le serpent se comporte de manière sournoise avec le petit gruffalo : en l'envoyant sur le lac gelé, il le met consciemment en danger. Le hibou met aussi le petit gruffalo en danger mais sans l'avoir prémédité : surpris et effrayé par l'incursion du petit gruffalo dans son nid haut perché, il s'envole. En s'accrochant à ses serres, le gruffalo les fait tomber tous deux dans une épaisse couche de neige. Enfin le renard ne cherche même pas à se mesurer au jeune monstre qui le terrorise et se réfugie dans sa tanière aussi vite qu'il le peut.
Parce qu'il désespère de rencontrer la souris. Il commence à se dire que tout cela n'est qu'une blague inventée par son papa pour l'empêcher d'aller dans la forêt. Du coup, il ne croit plus à l'existence de la créature et sa quête perd tout son intérêt.
Il la rencontre un peu par hasard, à la différence des autres animaux dont il a suivi les empreintes dans la neige. À partir de ce moment, son enquête (je suis des traces dans la neige et j'aboutis au repaire d'une créature) prend une nouvelle tournure, plus imaginaire et fantastique. Avec la souris, le gruffalo se comporte comme un prédateur : il lui dit (évidemment dans la réalité, aucun prédateur ne « prévient » sa victime de ses intentions, au contraire…) qu'il souhaite la croquer pour son petit-déjeuner.
Plusieurs choses aident la petite souris à se dépêtrer : tout d'abord, le fait de connaître les intentions du gruffalo. Ensuite, il a confié tout haut devant elle à son jouet qu'elle n'était « ni grande ni méchante ». Il ne lui en fallait pas plus pour comprendre que le petit gruffalo cherche la grande méchante souris, la terreur de la forêt, un mythe qu'elle a elle-même fait naître lors de sa précédente rencontre avec le gruffalo, son père. Elle va donc prétendre qu'elle est amie avec la souris maléfique et qu'elle peut organiser cette rencontre. Le petit gruffalo, comme son papa autrefois, se laisse avoir : il la sort de sa gueule et se met à faire tout ce qu'elle lui dit, comme la déposer sur la plus haute branche de l'arbre ! La souris s'en sort à nouveau en « bluffant », c'est-à-dire qu'elle raconte un mensonge mais pour la bonne cause car il faut qu'elle sauve sa peau… Évidemment, dans la réalité, les proies n'ont pas la possibilité de s'en sortir grâce à un coup de bluff…
La grande méchante souris et la petite souris sont bien sûr le même personnage ! La souris se fait passer pour le monstre, moyennant une mise en scène ingénieuse. En montant sur l'arbre, avec la pleine lune dans son dos, la souris sait que son ombre projetée sur le rocher sera très impressionnante ! Elle profite de ces circonstances favorables pour faire croire au gruffalo qu'il est en présence de la grande méchante souris. Et ça marche : il a tellement envie d'y croire qu'il mord à l'hameçon et rentre chez lui mort de peur.
Les enfants auront peut-être oublié la famille d'écureuils présente au début et à la fin du film. La maman écureuil raconte une histoire à ses petits. La mise en images de cette histoire constitue la partie la plus importante du film 1. On les retrouve à de courtes reprises pendant le film. Ces scènes marquent une pause dans le récit et permettent aux spectateurs de partager l'inquiétude ou l'impatience ressenties par les jeunes écureuils et de s'identifier à eux. À la toute fin du film, l'un d'eux trace dans la neige une drôle d'empreinte : en balayant la neige avec sa queue en panache en tournant sur lui-même, il décrit un cercle puis, en sautant à trois reprises dans la neige, trois autres petits cercles autour du premier : le tout ressemble à s'y méprendre à une empreinte… de petit gruffalo ! C'est aussi le point de départ que la maman écureuil va donner à son histoire.
1. Pour rappel, Le Petit Gruffalo est la suite du Gruffalo, sorti sur les écrans en France et en Belgique en 2012. Le Gruffalo racontait la rencontre entre le monstre et la petite souris et comment celle-ci se dépêtrait de son emprise. Le Petit Gruffalo se focalise quant à lui sur un nouveau personnage auquel les jeunes spectateurs n'auront aucun mal à s'identifier…
2. Dans Le Gruffalo, premier film de la série, le même dispositif avait été utilisé. On ne retrouve pas cette mise en scène dans les livres originaux qui commencent d'emblée avec les récits du Gruffalo et du petit Gruffalo.