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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au dessin animé
Brendan et le secret de Kells
de Tomm Moore
France, 2008, 1h15

Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du début du primaire qui verront le dessin animé Brendan et le secret de Kells avec leurs élèves (entre sept et douze ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en oeuvre en classe après la vision du film.

Le contexte historique

L'histoire de Brendan prend place dans un contexte historique dont beaucoup d'éléments sont authentiques. Pour les jeunes spectateurs pour qui ce contexte est méconnu, il n'est pas simple de dégager la réalité historique de la fiction imaginée par Tomm Moore.

Pour dégager ce qui est historiquement vrai, invitons les jeunes spectateurs à faire des paris sur un certain nombre de propositions que voici:

  • Les Vikings ont envahi l'Irlande: vrai ou faux?
  • Saint Colomba avait un troisième œil: vrai ou faux?
  • Le Livre de Kells a été commencé à Iona et terminé à Kells: vrai ou faux?
  • On peut fabriquer de l'encre avec les baies du chêne: vrai ou faux?
  • Pangur Ban était un chat blanc irlandais: vrai ou faux?
  • À cette époque, comme l'imprimerie n'existait pas, c'étaient les moines qui recopiaient les livres: vrai ou faux?
  • Un viking a arraché la couverture du livre de Kells: vrai ou faux?
  • C'est un très jeune homme qui a dessiné la page «chrisme» du Livre de Kells: vrai ou faux?

Le jeu des paris sera d'autant plus intéressant s'il est joué collectivement par la classe et si les enfants argumentent: on les invitera donc à essayer de dire pourquoi ils ont l'intuition que telle ou telle proposition est vraie ou fausseŠ

Voici maintenant les réponses.

Quelques éléments de réponse

€ Les Vikings ont envahi l'Irlande: vrai

À l'origine, les Vikings étaient des commerçants scandinaves (des pays du Nord de l'Europe: Suède, Norvège, Danemark) qui étaient de remarquables navigateurs. Ensuite, ils sont devenus des guerriers et des pilleurs, avides de richesses et de terres à conquérir : ils arrivaient par la mer sur des terres étrangères qu'ils pillaient et rançonnaient, et où, parfois, ils finissaient par s'installer. L'Irlande et les Hébrides (un archipel à l'ouest de l'Écosse et proche de l'Irlande dont l'île d'Iona fait partie) constituent les premières terres qui ont été attaquées par les Vikings. Les invasions des Vikings se sont déroulées à partir de la fin du 8e siècle jusqu'au 11e siècle.

Pour aller plus loinŠ
Deux grands traits caractérisent l'histoire de l'Irlande au haut Moyen Âge. Alors que de nombreuses régions européennes comme la France (l'ancienne Gaule), la Belgique, l'Espagne, l'Angleterre ou la Roumanie ont été conquises par Rome et intégrées à son empire, l'Irlande antique est restée indépendante, divisée en petits royaumes: on a donc continué à y parler les langues indigènes, celtiques, apparentées aux dialectes gaulois (aujourd'hui disparus), au breton ou au gallois.
Cependant, à partir de 420 environ (après J.-C.), le pays est progressivement christianisé grâce notamment à Saint Patrick. Or à la même époque, le continent vit une période troublée avec la chute de l'Empire romain et les invasions barbares. À l'abri de ces troubles, l'Irlande va accueillir beaucoup d'érudits chrétiens qui participeront à l'éclosion d'une vie spirituelle intense grâce à plusieurs monastères comme celui de Kells. À cette époque (7e-8e siècles), l'île connaît ainsi un véritable âge d'or religieux et artistique dont témoigne entre autres le Livre de Kells. Ces monastères deviennent de véritables centres intellectuels préservant, grâce notamment aux manuscrits recopiés et superbement enluminés, l'héritage latin et chrétien. De nombreux missionnaires vont en outre partir d'Irlande pour christianiser à nouveau l'Europe continentale divisée en nombreux royaumes barbares (d'abord païens).
Mais les invasions vikings à partir de 795 entraînent une profonde régression économique et culturelle, les envahisseurs pillant en priorité les monastères.

€ Saint Colomba avait un troisième œil: faux

Saint Colomba d'Iona a bien existé, c'était un missionnaire irlandais qui a vécu au 5e siècle et qui a évangélisé l'Écosse. (Il ne faut pas le confondre avec Saint Colomban, qui a vécu à peu près à la même époque, qui était également irlandais, mais qui lui, est parti en mission en Gaule!) Il n'avait pas de troisième œil, ni plus de bras ou de doigts que n'importe qui!

Pour aller plus loinŠ
D'après le film, Saint Colomba était entouré de légendes, puisque certains moines pensaient qu'il avait un troisième œil et d'autres qu'il avait trois bras ou encore douze doigts à chaque main! Il faut imaginer qu'à cette époque, comme l'écriture était un savoir que peu de gens maîtrisaient, les «informations» se transmettaient essentiellement par la parole, et devenaient rapidement des «histoires»Š On ne s'étonne donc pas qu'un personnage un peu exceptionnel comme Colomba ait suscité l'invention de détails tout à fait fantaisistes.
Le monde de relative ignorance dans lequel les gens vivaient à cette époque était donc propice au développement de croyances assez irrationnellesŠ où se mêlaient des croyances «chrétiennes» et des croyances païennes. Ainsi, selon la légende, ce serait Saint Colomba lui-même qui serait l'artisan (ou le premier artisan) du Livre de Kells. Comme ce livre est une œuvre magistrale, il a pu se développer des croyances autour de son auteur, par exemple, que celui-ci avait un troisième œil ou un troisième bras ou des doigts surnumérairesŠ qui «expliqueraient» son exceptionnel talent d'artisteŠ

€ Le Livre de Kells a été commencé à Iona et terminé à Kells: peut-être vraiŠ

Le Livre de Kells existe bel et bien. Il est aujourd'hui exposé au Trinity College, une université, à Dublin, la capitale de la république d'Irlande. Comme ce livre est vieux de 12 siècles, soit 1200 ans, il est très difficile d'en déterminer les origines précisément.

Mais certains historiens ont formulé l'hypothèse, retenue dans le film de Tomm Moore, que le livre ait été commencé à Iona, une île des Hébrides, un archipel à l'ouest de l'Écosse, donc pas très éloigné de l'Irlande. On suppose qu'il a ensuite été transporté pour être mettre à l'abri, au moment où Iona était attaquée par les Vikings. Ce qui est sûr, c'est que le livre a bien été conservé à Kells, pendant des siècles. C'est pour cela qu'on l'appelle aujourd'hui le «Livre de Kells».

€ On peut fabriquer de l'encre avec des baies de chêne: presque vrai!

Dans le film, Frère Aidan dit que ce ne sont pas véritablement des baies. En effet, le chêne produit des glands et non pas des baies. Mais on peut voir fréquemment des petites boules sur les feuilles de chêne ou à la base de celles-ci: il s'agit de la galle, un parasite. De la galle, on tire effectivement un pigment qui sert à fabriquer de l'encre.

Pour aller plus loinŠ
La galle du chêne, qui se présente comme une petite boule, est une sorte de tumeur provoquée par un insecte qui pond ses œufs à la surface de la feuille. L'œuf se développe et devient une larve, à l'abri dans la galle, ou «noix de galle». Et quand l'insecte éclot, il laisse la galle avec un petit trou par lequel il est sorti. (Dans le film, on voit bien que les «noix de galle» que Brendan a récoltées ont un petit trou.)
De ces noix de galle, on peut effectivement extraire un pigment, c'est-à-dire une matière colorée, qui peut servir de base pour fabriquer de l'encre. Cette «encre de noix de galle» a été très utilisée entre le 12e et le 19e siècles.

€ Pangur Ban était un chat blanc irlandais: vrai

On peut penser que le chat Pangur Ban est une pure invention de l'auteur. Et pourtant, il a bien existé un chat portant ce nom! C'était le chat d'un moine qui a écrit un poème pour son animal de compagnie!

On a retrouvé ce poème où le moine compare sa vie de copiste à la vie de son propre chat! «Pangur Ban» signifie «plus blanc que blanc». Tomm Moore a donc imaginé que le moine auteur du poème était aussi maître enlumineur du Livre de Kells, et il en a fait le personnage de Frère Aidan.

€ À cette époque, comme l'imprimerie n'existait pas, c'étaient les moines qui recopiaient les livres: vrai

Il faut s'imaginer qu'au 9e siècle, l'imprimerie n'avait pas encore été inventée! Les livres, tels que nous les connaissons n'existaient donc pas. Les livres étaient tous des manuscrits qui étaient recopiés et décorés par les moines copistes. Les moines avaient cet avantage sur beaucoup de personnes de savoir lire et écrire!

En effet, tant que l'écrit n'était pas largement diffusé, peu de gens apprenaient à lire et à écrire. Ainsi, dans le film, les moines de Kells ont pour métier de recopier et de décorer les livres, quand l'Abbé ne les détourne pas de cette tâche pour travailler à la muraille!

€ Un Viking a arraché la couverture du Livre de Kells: presque vrai!

On n'en connaît pas les circonstances, mais on sait que le Livre de Kells a perdu sa couverture originale. On ne sait pas qui a dérobé la couverture, mais elle a été volée certainement parce qu'elle était richement décorée, peut-être avec des pierres précieuses et de l'or.

€ C'est un très jeune homme qui a dessiné la page «chrisme» du Livre de Kells: faux

On ne sait quasiment rien des personnes qui ont copié et illustré le Livre de Kells. L'analyse de l'écriture et des dessins a permis de déduire qu'il y a plusieurs personnes qui ont travaillé à l'élaboration du Livre, mais rien ne permet de dire l'âge des auteurs! Les pages du Livre de Kells sont d'une telle finesse qu'elles ne peuvent être l'œuvre que d'enlumineurs expérimentés, pas de débutants.

Pour aller plus loinŠ
La page «chrisme» du Livre de Kells est aussi appelée la page «Chi Rho»: «chi» et «rho» sont deux lettres de l'alphabet grec qui sont les premières du mot «Christ». Ainsi, le symbole «Chi Rho» désigne le Christ. «Chi» ressemble à notre X et «rho» ressemble à notre P.
Le Livre de Kells est composé des quatre Évangiles, en latin, et orné de très belles enluminures.


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