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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Mèche Blanche
de Philippe Calderon
raconté par André Dussollier
Canada, 2008, 1 h 17

Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du primaire qui verront le film Mèche Blanche avec leurs élèves (entre six et neuf ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.

Vie et mœurs des castors

Même s'il s'agit clairement d'une fiction, Mèche Blanche nous apporte toutefois indirectement une foule d'informations sur la vie des castors. Mais comment faire ici la part des choses? Autrement dit, comment distinguer le vrai du faux dans un film qui se présente d'abord comme un conte, mettant en scène des animaux dont les intentions et sentiments sont empruntés à l'homme et dont les comportements sont interprétés en fonction de nos propres codes sociaux et moraux?

L'objectif de l'activité proposée ici est d'amener les jeunes spectateurs à réfléchir à cette question selon une méthode très simple, en examinant huit observations relevées dans le film. Pour chaque proposition, les enfants répartis en petits groupes sont invités à exprimer leur avis en répondant par «vrai» ou «faux». L'enseignant précisera au préalable qu'il n'attend pas de bonnes réponses — comment en effet les enfants pourraient-ils connaître les réponses à des questions aussi précises concernant un thème aussi pointu! — et que l'activité est plutôt un petit jeu destiné à éveiller leur intérêt pour les castors, leurs mœurs et leur mode de vie. Une variante consiste à annoncer d'emblée aux enfants que, parmi les huit propositions, deux seulement sont fausses et qu'il s'agit de les identifier.

Avec les plus grands, photocopions le questionnaire reproduit ci-dessous en autant d'exemplaires qu'il y a de groupes d'élèves formés et demandons-leur de faire des paris sur l'authenticité des informations contenues dans chaque proposition en répondant par «vrai» ou par «faux».

Avec les petits, l'exercice pourra se faire oralement sous la direction de l'instituteur ou de l'institutrice.

Selon le degré d'intérêt des enfants pour les sujets abordés, on pourra développer ces différents points à partir des commentaires présentés en encadrés, ou de manière plus approfondie en consultant des encyclopédies, des livres spécialisés ou des articles scientifiques ou de vulgarisation.

Petit questionnaire à propos des castors

Dans Mèche Blanche, vous avez pu observer beaucoup de choses à propos des castors. Voici une liste de ce qu'on apprend à leur sujet grâce aux images mais aussi grâce au commentaire qui accompagne ces images. Pour chaque proposition, exprimez votre avis en répondant par «vrai» ou par «faux».

  • Les castors habitent au bord des fleuves et des rivières : Vrai / Faux
  • Les castors sont capables de construire des digues impressionnantes : Vrai / Faux
  • Les castors vivent en famille : Vrai / Faux
  • Certains castors vivent tout seuls, comme Vieux Castor : Vrai / Faux
  • Il est exceptionnel que les castors dorment en dehors de leur hutte : Vrai / Faux
  • Les castors se nourrissent uniquement de végétaux : Vrai / Faux
  • Les castors sont des animaux très actifs, qui travaillent surtout la nuit : Vrai / Faux
  • Le régime alimentaire de la loutre se compose surtout de jeunes castors : Vrai / Faux

 

Réponses et commentaires

Les castors habitent au bord des fleuves et des rivières: Vrai

Le castor est un animal amphibie, c'est-à-dire mi-terrestre mi-aquatique. Morphologiquement bien adapté à sa double vie, il possède une épaisse fourrure imperméable, de grandes pattes postérieures palmées et surtout — caractéristique grâce à laquelle nous le reconnaissons facilement! — une longue queue large, aplatie et couverte d'écailles qui lui sert de gouvernail lorsqu'il se déplace dans l'eau. Le castor vit dans une hutte, qui est généralement appuyée à la berge et composée de deux chambres. Son milieu de vie est principalement aquatique, mais comme il aménage lui-même sa hutte avec les morceaux de bois qu'il débite après avoir abattu des arbres et qu'il se nourrit entre autres de l'écorce de ces arbres, il fréquente beaucoup les berges des cours d'eau. Toutefois, il ne s'en éloigne jamais d'une distance supérieure à une trentaine de mètres. Comme Vieux Castor le fait après l'attaque des loups, les castors abandonnent souvent une hutte où ils ont couru un grand danger.

Les castors sont capables de construire des digues impressionnantes: Vrai

Le castor fabrique des barrages en enchevêtrant des morceaux de bois puis en colmatant l'ensemble avec des pierre et de la boue. Parfois très imposants avec une longueur de plusieurs dizaines de mètres et une hauteur de plus d'un mètre, ces barrages servent à retenir l'eau et à créer des zones calmes où il peut se déplacer à la nage en toute sécurité, sans être exposé à ses redoutables prédateurs terrestres (le loup, l'ours et le lynx). Enfin, c'est encore grâce à ces digues que le castor peut élever la surface d'une pièce d'eau qui lui semble trop peu profonde. Et quand, malgré tout, le barrage ne suffit pas pour que le niveau s'élève assez près du bord, il bâtit sa hutte à quelques mètres des berges, au beau milieu de l'eau (comme c'est le cas dans Mèche Blanche); en effet, il est indispensable que l'entrée de son habitation soit protégée du gel et donc située suffisamment bas sous la surface de l'eau.

Les castors vivent en famille: Vrai

Une portée de petits castors est généralement composée de deux jeunes: un mâle et une femelle, comme on peut le voir dans Mèche Blanche; quelques fois cependant, cette portée peut en compter trois ou quatre. Les jeunes vivent avec leurs parents jusqu'à l'âge de deux ou trois ans; c'est alors qu'ils s'apparient à leur tour, construisent une nouvelle hutte et qu'ils commencent eux aussi à avoir des petits. Autre chose importante qui apparaît dans le film: les castors sont monogames; cela veut dire qu'ils restent attachés l'un à l'autre pendant toute la durée de leur vie et que, si les partenaires viennent à être séparés, leur couple se reforme naturellement. Toutefois, si l'un des deux vient à mourir, l'autre se «remariera».

Certains castors vivent tout seuls, comme Vieux Castor: Vrai

Même si les castors vivent en famille, il y en a effectivement qui vivent isolés des autres. Il y a plus de deux siècles, le Britannique George Cartwright quitte les rangs de l'Armée pour s'installer comme pêcheur au Labrador, une province de l'est du Canada; pendant près de quinze ans, il tient alors un journal dans lequel il raconte ce qu'il vit et ce qu'il observe au quotidien durant son séjour, à une époque où les castors étaient beaucoup plus nombreux qu'aujourd'hui. Dans son Journal, on peut lire que les chasseurs donnaient alors aux castors solitaires le nom d'«Ermites» et qu'ils les considéraient comme des individus paresseux, expulsés du groupe par les autres parce qu'ils ne voulaient pas travailler! Cartwright, lui, pense au contraire qu'il s'agit de veufs ou de veuves qui ont choisi de vivre à l'écart en attendant la venue d'un(e) nouveau(-elle) partenaire. C'est un peu ce qui semble être arrivé à Vieux Castor dans le film, qui vit seul jusqu'à ce que Mèche Blanche s'impose dans sa hutte et lui fasse par la suite rencontrer sa mère.

Il est exceptionnel que les castors dorment en dehors de leur hutte: Faux

Les castors sont surtout connus pour vivre dans les huttes qu'ils fabriquent eux-mêmes dans ou au bord des cours d'eau. Dans le film, le fait que Mèche Blanche soit obligé de passer la nuit à l'intérieur d'une souche en pleine forêt semble tout à fait exceptionnel. Pourtant, dans la réalité, les castors ont souvent l'habitude en été de se fabriquer pour dormir une sorte de nid avec des branchages qu'ils disposent sous les buissons. Dans son édition de 1817, le Dictionnaire des sciences naturelles confirme le fait qu'à la belle saison, les castors vivent en dehors des huttes, dans des terriers qu'ils creusent sur les berges des cours d'eau. On peut notamment y lire qu'«il n'est pas rare de rencontrer encore en hiver des castors terrés. Lorsque la saison des neiges approche, ces animaux quittent leurs terriers où ils vivaient solitaires, et se réunissent quelquefois au nombre de deux ou trois cents pour couper les bois et travailler à la construction de leurs nouvelles demeures.»

Par ailleurs, «lorsque dans la pièce d'eau se trouve une île, c'est là que les castors établissent leurs habitations, comme étant le lieu le plus à l'abri de toute attaque». Cette observation de Cartwright recoupe ce que nous avons pu voir dans Mèche Blanche: Vieux Castor a en effet installé sa hutte sur un îlot situé au milieu de la rivière. Cet exemple montre bien que la hutte du castor n'a pas obligatoirement une entrée sous l'eau puisqu'elle qu'elle peut être construite «à sec».

Les castors se nourrissent uniquement de végétaux: Vrai

Végétarien ou herbivore, le castor varie son alimentation en fonction des saisons. En automne et en hiver, il se nourrit de l'écorce d'arbres qu'il abat le long des cours d'eau comme les peupliers, les saules, les trembles… Toutefois les aulnes, les frênes et les bouleaux peuvent également faire partie de son menu. Au printemps et en été, le castor se nourrit plutôt de feuilles d'arbres, de bourgeons, de plantes aquatiques, de fruits (des pommes, des poires…), de racines et des plantes herbacées qu'il trouve sur les berges. Ainsi, tandis qu'à la belle saison les feuillages constituent l'essentiel des repas, les écorces représentent l'aliment principal pendant l'hiver. Par conséquent, les castors entreprennent habituellement l'abattage d'un arbre en été, période de l'année durant laquelle il leur fournira la plus grande quantité de nourriture (feuilles et écorce), plutôt qu'en hiver où il leur sera moins «rentable».

Les castors sont des animaux très actifs, qui travaillent surtout la nuit: Vrai

Les castors sont en effet des animaux très actifs; comme on le voit dans Mèche Blanche, ils travaillent surtout la nuit, à l'aube et au crépuscule. Leur occupation principale consiste à abattre les arbres dont ils ont besoin pour se nourrir, se loger et construire les barrages qui protégeront leurs habitations. Les plus gros sont rongés tout autour du tronc, qui sont ensuite découpés en morceaux pour faciliter le transport. Comme on l'a dit, le peuplier, le saule, le bouleau blanc et l'aulne comptent parmi leurs espèces préférées. Voici comment George Cartwright décrit la technique d'abattage qu'utilisent les castors: «S'il ne s'agit que d'un jeune arbre de la grosseur d'une canne, ils le coupent d'un seul coup aussi net qu'on pourrait le faire avec une serpette; ceux qui ne sont pas des plus gros, ils les rongent d'un seul côté; lorsque le tronc est très fort, ils rongent tout à l'entour et finissent par le faire tomber du côté de l'eau pour diminuer la peine du transport; lorsqu'ils ont abattu ainsi un grand arbre, ils en détachent toutes les branches et les coupent en morceaux susceptibles d'être chargés sur leurs épaules ou traînés avec les dents. Ils choisissent de préférence les arbres qui sont au vent de leur pièce d'eau parce que le vent [...] favorise la chute de l'arbre du côté de l'eau et son flottage vers leur cabane.»

Le régime alimentaire de la loutre se compose surtout de jeunes castors: Faux

Dans Mèche Blanche, on observe une loutre en train de s'en prendre à Petite Sœur; le commentaire nous apprend que c'est une redoutable carnassière, une chasseuse féroce et tenace, dont le castor est la proie préférée. En fait, le régime alimentaire de la loutre, très varié, dépend fortement des ressources de son territoire; aucune sélection particulière d'espèces n'apparaît, et la loutre exploite de préférence les individus de petite taille. Majoritairement composé de poisson, son régime alimentaire comprend aussi les amphibiens, les reptiles et les insectes. Enfin, la loutre complète son menu par des oiseaux et des petits mammifères comme les rongeurs. Parmi ces rongeurs, on trouve le jeune castor; avec le jeune rat musqué et le jeune ragondin, il ne constitue pourtant que moins de 3% de son alimentation! Toutefois, sa consommation de castors ou autres rongeurs peut fortement augmenter lors de périodes très froides, durant lesquelles le gel des rivières et des lacs rend plus difficile l'accès aux poissons. Comme on l'apprend par ailleurs dans le film, les castors adultes — dont la masse atteint ou dépasse celle de la loutre — constituent rarement une proie pour elle.


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