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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Rumba
de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Remy
Belgique-France, 2008, 1h17

Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du primaire qui verront le film Rumba avec leurs élèves (entre huit et onze ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.

Une esthétique picturale

Pour terminer l'exploitation pédagogique de Rumba, nous suggérons de nous attacher aux caractéristiques esthétiques des images du film. Ces caractéristiques nous semblent en effet suffisamment frappantes pour avoir été, dans la plupart des cas, remarquées par les jeunes spectateurs et retenues au moins sous forme d'impressions.

Aidons par conséquent les enfants à mettre des mots sur ces impressions et à synthétiser très simplement ce qui a été observé. En parallèle, invitons-les à saisir les particularités de quelques images du film. Pour orienter l'observation, suggérons-leur de parcourir l'un ou l'autre ouvrage d'art pictural, en attirant plus spécialement leur attention sur l'œuvre des peintres fauvistes, en particulier les tableaux d'Henri Matisse. Demandons-leur enfin de réfléchir aux questions suivantes, dans le cadre d'une discussion en grand groupe.

  • Qu'est-ce que les images du film ont de différent par rapport aux images qu'on voit d'ordinaire dans les autres films?
  • Ces images essaient-elles de rendre la réalité comme elle est: sont-elles réalistes? Pourquoi?
  • Qu'est-ce qui, dans ces plans, peut nous faire penser à un tableau?

Commentaire

Bien sûr, on ne peut pas dire que les images du film sont inspirées des peintres fauves ou même qu'elles ressemblent aux œuvres que ceux-ci ont produites au début du 20e siècle. Simplement, cette mise en relation peut aider les enfants à identifier certaines particularités que l'on retrouve dans les plans de Rumba:

  • l'utilisation de couleurs vives et pures, qui se juxtaposent notamment grâce au choix des costumes et des éléments du décor;
  • une composition qui recourt souvent à la mise en abyme du cadre en plaçant dans le champ des encadrements tels que des portes ou des fenêtres (comme dans les Intérieurs de Matisse par exemple) ou encore, qui joue sur l'opposition entre les silhouettes, les lignes courbes des corps et les angles, les lignes droites de tous ces encadrements;
  • un jeu très frontal (qui évoque peut-être davantage le jeu théâtral, mais qui procède d'une manière de filmer rappelant que nous sommes devant une représentation artistique et non pas une reproduction de la réalité: ce jeu frontal, en réduisant la profondeur de champ a ainsi souvent pour effet d'écraser la perspective.

Signalons enfin les écarts qu'autorise une telle représentation de l'espace, notamment en matière de jeu avec le hors-champ, entre ce qui est montré et ce qui est caché au spectateur notamment par le cadre (le bord de l'image) mais aussi par des objets dans le champ qui masquent des choses «importantes».

Un exemple frappant (parmi bien d'autres!) de contrainte du regard peut être remarqué au début du film, lorsque Fiona et Dom arrivent in extremis au concours de danse: en tant que spectateurs, nous restons à l'extérieur du local où ont lieu les prestations; pendant quelques secondes, la porte restée ouverte nous permet de voir — d'assez loin — quelques mouvements de la chorégraphie mais très vite la porte nous claque au nez, nous laissant définitivement en dehors du spectacle.

Ce jeu avec le regard du spectateur ne se rencontre pas souvent dans les films car les réalisateurs s'attachent la plupart du temps à le plonger au contraire au cœur de l'action, en lui faisant oublier qu'il ne voit finalement que ce qu'on veut bien lui montrer. Autrement dit, alors que les films de fiction classiques travaillent à rendre à l'espace son unité (par toute une série de procédés qu'il ne convient pas de détailler dans le cadre de cette animation) pour produire des effets de réel, Rumba cherche à nous enlever cette illusion: non, nous ne sommes pas face à la réalité, nous sommes devant une représentation aussi «artificielle» qu'un tableau en peinture ou qu'un spectacle dans le domaine des arts de la scène (théâtre, danse, opéra…).

Enfin, ce type de représentation non réaliste permet encore de jouer avec l'espace d'une autre façon. Ainsi par exemple, quand Fiona et Dom rentrent chez eux après leur séjour à l'hôpital, une image coupée en deux (de haut en bas) nous montre dans un même plan, et toujours de manière frontale, deux pièces contiguës: la chambre à gauche, et la salle de bain à droite, comme si la maison ainsi privée d'un mur avait fait l'objet d'une coupe verticale. Dans un film de fiction classique, jamais on ne montrerait un intérieur de cette façon «architecturale»; soit la chambre et la salle de bain seraient montrées en alternance, soit l'on suivrait un personnage passant de l'une à l'autre pièce, soit encore l'une de ces deux pièces serait partiellement montrée à partir de l'autre, à travers l'embrasure d'une porte par exemple.

On peut éprouver la même sensation d'un «mur qui manque» lorsque la baraque de Gérard est filmée de «l'intérieur» en saisissant les deux vendeurs de dos en train de servir les clients devant eux: on sent très bien que le recul n'était pas suffisant pour placer une caméra et que l'on a enlevé une paroi de la baraque pour donner assez de champ au cameraman. L'artifice est similaire à celui du théâtre où le acteurs font semblant de ne pas apercevoir la salle devant eux.

Prolongement

Cette animation est l'occasion de donner un prolongement créatif à la vision de Rumba. Annonçons cette perspective aux enfants et demandons-leur d'imaginer puis de réaliser un «plan-tableau» qui s'intégrerait bien dans le film de Fiona Gordon et Dominique Abel, en tenant compte des particularités esthétiques observées — couleurs pures et vives, lignes et composition, encadrements, jeu avec les bords de l'image… — et en utilisant une ou plusieurs silhouettes parmi la petite collection proposée dans le dossier imprimé (une seule des ces silhouettes est reproduite sur cette page web).

La technique suggérée est celle du collage. Cette technique consiste à prélever un certain nombre d'éléments dans des œuvres, des objets qui existent déjà et à les intégrer dans une création nouvelle. Elle suppose donc deux grandes étapes: le découpage de motifs extraits de représentations diverses préexistantes, et l'assemblage des éléments choisis. Le caractère original de l'œuvre nouvelle dépend donc non seulement de la nature hétérogène des éléments qui la composent mais aussi de leur agencement.

Pour commencer, invitons donc les élèves à apporter en classe de vieux magazines (ou revues, dépliants touristiques, catalogues proposés dans les agences de voyages, les commerces…), dans lesquels ils pourront découper les motifs ou éléments de décor qui les intéressent. Demandons-leur ensuite de les combiner pour composer une nouvelle œuvre sur le thème de la danse, en y intégrant les silhouettes.

Pour parfaire la représentation, des marqueurs au trait plus ou moins épais pourront servir tantôt à ajouter un détail, tantôt à en accentuer un autre, tantôt encore à souligner certaines lignes de la composition. La touche restera cependant discrète.

L'étape finale consistera enfin à organiser à l'école une exposition sur le thème «Dansons la rumba».


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