Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Michou d'Auber
de Thomas Gilou
France, 2007, 2h04
Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants de la fin du primaire ou du début du secodnaire qui verront le film Michou d'Auber avec leurs élèves (entre dix et quatorze ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.
Michou d’Auber est une comédie tendre qui fait souvent rire et sourire. Pourtant, certains faits ou certains événements qui se produisent dans le film peuvent étonner, voire choquer, sans doute parce qu’ils ne se passeraient plus de la même façon aujourd’hui.
Interrogeons cet aspect du film avec les jeunes spectateurs pour mesurer la distance temporelle qui nous sépare des personnages, mais aussi, plus profondément, pour mettre en question certaines valeurs et certains comportements.
Pratiquement, demandons aux jeunes spectateurs si certaines choses dans le film les ont choqués ou au moins étonnés…
Prenons note au tableau de leurs réponses.
On peut également leur demander de réagir aux éléments suivants :
Invitons les jeunes spectateurs à commenter ces faits ou
événements en alimentant la discussion avec des questions comme:
Lesquels de ces faits ou événements sont étonnants ou choquants pour
vous? Pourquoi?
Pensez-vous que des faits comme ceux-là pourraient encore se produire
aujourd’hui? Pourquoi?
Qu’est-ce qui a changé? Qu’est qui n’a pas changé?
Voici quelques commentaires qui pourraient êtres faits en relation avec les éléments du film cités ci-dessus. Certains sont assortis d’une question que l’on pourra soumettre aux jeunes spectateurs pour prolonger la réflexion.
Que Messaoud et son frère soient placés à l’assistance publique alors que leurs parents sont toujours en vie et que le père est tout à fait à même de les éduquer, est un fait qui n’arriverait plus aujourd’hui. En effet, à notre époque, on privilégie le lien parents-enfants et, à moins que les parents soient tout à fait incapables de prendre en charge l’éducation de leur(s) enfant(s), on ne sépare pas les enfants des parents. Aujourd’hui, une famille où la maman serait hospitalisée et où le papa travaillerait serait aidée par des services sociaux. Le père ne serait pas obligé de se séparer de ses enfants. Ainsi, la vie en France au début des années 60 offrait moins d’aide sociale. On peut voir un autre exemple du moindre développement social à cette époque qu’à la nôtre: quand Georges est malade, Gisèle fait appel à une rebouteuse, parce que le médecin est trop cher. Aujourd’hui, en Europe, il existe un système de santé qui rend les soins médicaux accessibles à un très grand nombre de personnes (pour ne pas dire à tout le monde…)
S’il arrivait à tes parents que l’un d’eux soit malade et que l’autre doive travailler, que feraient-ils de toi?
Gisèle dit ne pas avoir le choix: elle a besoin de l’argent de la pension de Messaoud. Aujourd’hui, accueillir un enfant placé n’est pas une opération financière! L’allocation versée à la famille d’accueil couvre partiellement les frais de nourriture, d’habillement, de fournitures de l’enfant. Les familles d’accueil répondent à un désir personnel de solidarité, d’engagement social mais certainement pas à un besoin d’argent. Pour Gisèle, la pension de Messaoud représente sans doute un appoint non négligeable. Néanmoins, on se doute que l’accueil de Messaoud correspond au moins autant à un désir d’enfant (qu’elle n’a pas pu avoir avec Georges). Ici encore, on peut conclure que la vie en France à cette époque présentait moins de possibilités que celle d’aujourd’hui. Aujourd’hui, une personne qui aurait besoin d’un revenu d’appoint trouverait sans doute une autre solution que l’accueil d’un enfant placé!
Gisèle cache la vraie identité de Messaoud parce qu’elle craint les réactions de Georges et des villageois. «Les Arabes, on ne les aime pas beaucoup par ici» dit-elle. Elle veut donc protéger Messaoud du racisme qui règne dans la région. Quant à Georges qui s’est battu «dans toutes les guerres coloniales», il accepterait sans doute difficilement d’accueillir un enfant algérien au moment même où l’Algérie réclame son indépendance. Les raisons de Gisèle sont donc liées au moment et au lieu. Au village, tout le monde se connaît, la pression sociale est peut-être plus grande qu’en ville (les voisins font volontiers des commentaires sur la vie privée des personnes…) Une solution aussi extrême, et un peu naïve il faut bien le dire (tout le monde n’est pas dupe de l’identité de «Michou»), ne serait sans doute plus adoptée aujourd’hui. Le racisme existe toujours, mais il est théoriquement puni. Aussi, il prend aujourd’hui des formes différentes, moins directes, comme la discrimination. Dans le film, il s’exprime par des insultes et des humiliations.
Pourrais-tu imaginer une situation dans laquelle tu serais contraint de cacher ta vraie identité?
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