Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Kirikou et les bêtes sauvages
de Michel Ocelot
France, 2005, 1 h 15
Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du primaire qui verront le film Kirikou et les bêtes sauvages avec leurs élèves (entre six et dix ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.
Reprenons les quatre histoires qui composent le film et revenons sur les thèmes centraux précédemment dégagés (pour ce travail, nous nous sommes basés sur les thèmes que nous avions dégagés dans le chapitre « Se souvenir du film » [non reproduit sur cette page web mais disponible dans le dossier imprimé]) :
Pour traiter le thème de l’eau, celui des oppositions ville / campagne et celui de la diversité des paysages en Afrique, l’enseignant pourra utiliser les images proposées pour réaliser l’animation du chapitre 3 [non reproduites sur cette page web mais disponibles dans le dossier imprimé]. Le procédé de la comparaison devrait permettre aux enfants de remarquer facilement un grand nombre de particularités de la vie socio-économique, du mode de vie et de l’environnement, et sans doute pour certains de rectifier leurs représentations.
La plupart des images que nous avons de l’Afrique sont des images de sécheresse, de désert et de famine. Pourtant, notamment en Afrique centrale, on trouve des forêts luxuriantes et de très beaux espaces cultivés comme on en voit dans le dessin animé, grâce au système ingénieux d’irrigation conçu par Kirikou. Ce sera donc ici l’occasion d’inviter les enfants à réfléchir sur l’importance de l’eau, qui permet aux villageois d’irriguer les cultures et donc, de vivre en parfaite autarcie. L’eau, c’est la vie, dit-on souvent. Et ce n’est certes pas un hasard si dans certaines langues, les deux mots se confondent.
Lorsqu’une défaillance atteint le système agricole énoncé (une pénurie d’eau, comme dans Kirikou et la sorcière, l’anéantissement des cultures, comme dans Kirikou et les bêtes sauvages...), c’est tout l’équilibre du village et la survie de ses habitants qui se trouvent menacés. Ceux-ci sont alors obligés de recourir à une pratique peu courante dans leur vie quotidienne : l’échange de produits contre de l’argent, et ensuite l’échange de l’argent gagné contre des denrées alimentaires. C’est ce qu’on appelle le commerce, une pratique généralisée partout en Occident depuis très longtemps, et également très répandue en Afrique, surtout dans les villes, avec toutefois des zones isolées où sa pratique reste encore assez marginale. Cet épisode des aventures de Kirikou met en lumière l’opposition entre le mode de vie de Kirikou et des villageois et celui des gens de la ville [1], qui voient arriver les villageois d’un œil plutôt moqueur. Kirikou développe cependant un sens inné du commerce et sauve une fois de plus ses amis.
Les enfants observent les différentes images du voyage de Kirikou hissé sur la girafe. Invitons-les à se rendre compte des différents paysages traversés : savane, désert, forêt luxuriante, montagne (Kilimandjaro), oasis inattendue...
Comme le montrent les images [non reproduites sur cette page web mais disponibles dans le dossier imprimé], les paysages africains présentés dans le film sont extrêmement diversifiés. Bien sûr, une telle quantité de variations est impossible à observer dans la réalité en l’espace de quelques heures, et particulièrement à dos de girafe.... Cette errance à la fois merveilleuse et forcée était l’occasion pour le réalisateur de faire découvrir aux enfants toutes les richesses de paysages que l’on peut rencontrer en Afrique et de leur communiquer son amour pour ce magnifique continent.
Ce quatrième épisode de Kirikou et les bêtes sauvages peut avoir pour les jeunes spectateurs une dimension plus dramatique. La maladie et le risque de mort de toutes les mamans du village sont dans un premier temps vécus par leurs enfants comme quelque chose d’insurmontable. Ce n’est que sous l’impulsion de Kirikou qu’ils trouveront, ensemble, la force et l’énergie de réagir.
Proposons aux enfants de donner leurs avis sur ce thème. Pour lancer la discussion, voici quelques questions que l’on peut se poser :
La réflexion menée devrait faire apparaître que chez nous, la mort et la maladie, bien que touchant tout le monde, est plutôt une affaire d’adultes et surtout de spécialistes. Lorsque maman tombe malade, elle (ou papa) appelle le docteur, ce ne sont pas les enfants qui s’en occupent. Parfois même, ils ne sont pas au courant et ne s’en rendent pas compte. Dans notre société, les enfants sont très protégés. On ne leur parle pas ou peu de la mort, on préfère dire que papy est monté au ciel ou ne reviendra plus.
En Afrique, il semble que les enfants soient plus directement confrontés à la précarité de l’existence : manque d’eau potable, famines, guerres... , et dès lors, en contact direct avec la mort. Kirikou et les enfants du village sont livrés à eux-mêmes : en effet, les hommes ont été enlevés par la sorcière et il ne reste que le vieux radoteur et l’oncle qui ne leur sont d’aucune utilité.
Dans les villages africains isolés, il n’y a bien souvent pas de docteur ou de pharmacie, on peut tout au plus trouver un « homme-médecine » ou sorcier ou chaman qui connaît les plantes qui guérissent. C’est la matrone du village qui semble jouer ce rôle et qui renseigne les enfants sur la plante à trouver. Elle est malheureusement elle-même bien malade...
En ce qui concerne les épidémies qui sont fréquentes en Afrique pour des raisons sanitaires mais aussi pour cause de mauvaise propagation des informations, remèdes et vaccins divers, nous en avons connu de très graves en Europe dans les siècles précédents (peste, choléra, tuberculose et grippe espagnole pour ne citer qu’elles...) mais notre situation semble s’être améliorée. Si nous ne sommes cependant pas à l’abri de nouvelles épidémies comme le sida, il semble que les moyens de réaction soient plus développés dans nos pays riches qu’en Afrique ou en Asie où ces épidémies font des ravages.
Enfin, on peut attirer l’attention des enfants sur le fait que Kirikou a sauvé les mamans du village grâce à l’aide des autres enfants et que chacun a apporté sa petite pierre à l’édifice. On ne peut que retenir cette belle leçon de coopération et de solidarité.
[1] On se souviendra notamment des différences d’habillement entre les uns et les autres.