Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au dessin animé
La Forêt enchantée
d'Angel de la Cruz et Monolo Gomez
Espagne, 2001, 1h24
Le dossier pédagogique dont on trouvera un court extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants de la fin du maternel et du début du primaire qui verront le film La Forêt enchantée avec leurs élèves (entre cinq et neuf ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.
Comment mener une discussion esthétique et cinématographique avec de jeunes enfants? Deux éléments sont essentiels, semble-t-il, pour mener une telle réflexion:
Essayons donc de lancer un débat avec les enfants en leur posant des questions aussi précises que possible mais qui leur soient néanmoins compréhensibles. On commencera par aborder le scénario du film, qui joue un rôle central dans la perception des spectateurs et dont il est généralement facile de parler. On fera cependant immédiatement une seconde distinction entre l'intrigue, c'est-à-dire l'histoire racontée, et les personnages avec leur personnalité plus ou moins attachante qui suscite des réactions d'identification ou de rejet chez pratiquement tous les spectateurs.
L'enseignant ou l'animateur pourra bien entendu donner son propre avis: il ne cherchera pas à l'imposer aux jeunes participants, mais ses interventions seront essentielles pour faire percevoir aux enfants le point de vue d'un adulte, nécessairement différent du leur.
Par exemple: quelques questions à propos des personnages
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Porter une appréciation sur les personnages (indépendamment de leur rôle dans le film) n'est sans doute pas facile pour de jeunes spectateurs: comment distinguer par exemple le «caractère» de Madame D'Abondance du fait qu'elle est la «méchante» de l'histoire? «L'originalité», la «richesse» éventuelle du personnage ne peut guère apparaître que par comparaison avec d'autres films, d'autres histoires, d'autres réalisations. En outre, il ne faut pas oublier que les personnages d'un film ne sont évidemment pas des êtres réels mais des constructions fictives: leurs «qualités» ou les «défauts» ne sont pas le reflet de leur «personnalité» (qui n'existe pas en soi) mais résultent des choix des réalisateurs et scénaristes et notamment du rôle qu'on leur fait jouer dans l'histoire.
Néanmoins, même avec de jeunes spectateurs, il est sans doute possible de remarquer certaines différences de «personnalités» (par exemple entre les grands arbres: il y a le vieux sage, le maladroit, le mauvais caractère...), de distinguer des «personnalités» plus fortes ou plus marquantes et d'autres plus effacées et moins caractérisées. Ainsi, parmi ceux qui aident Toupi, on peut trouver certains personnages plus attachants (la luciole), d'autres plus étranges (la souris qui vient d'Écosse), plus banals (la chatte Nostalgie) ou plus comiques (les mouches...). Il s'agira donc pour l'instituteur ou l'animateur d'attirer l'attention des jeunes spectateurs sur des différences de plus en plus fines, sur des détails apparemment secondaires mais qui favorisent — ou non — notre adhésion au film: souvenons-nous par exemple que, parmi les mouches, il y a la grosse maladroite et la petite autoritaire qui veut devenir «maître du monde»...
À ce moment de la discussion, le rôle de l'enseignant sera d'aider les enfants à nommer ces différences mais également de donner une appréciation d'adulte sur les personnages mis en scène.
Ainsi, l'on peut estimer que les personnages principaux sont un peu fades et qu'ils manquent de relief: Toupi est sans doute gentil et il se révèle finalement courageux, mais il est bien difficile de relever un autre trait saillant de sa personnalité. La remarque vaut également pour Linda. Les «méchants», Monsieur et Madame D'Abondance sont quant à eux très caricaturaux et manquent peut-être d'originalité: on a déjà vu beaucoup de vieilles femmes méchantes comme Madame D'Abondance, et ses motivations — se faire faire un manteau en fourrures de taupes — semblent peu convaincantes (le personnage est un décalque de l'horrible Cruella D'Enfer dans les 101 Dalmatiens des studios Disney).
En revanche, les personnages secondaires apparaîtront, aux yeux de beaucoup d'adultes comme plus réussis, plus savoureux, plus attachants: le chien maladroit du manoir, même s'il a déjà été vu ailleurs, est suffisamment pataud pour susciter notre sympathie; le conflit de personnalités entre les arbres de la forêt, sympathiques et bonhommes, et le poteau téléphonique, hautain et prétentieux, est bien imaginé et souvent comique; la petite luciole maladroite et victime des coups du sort (une goutte d'eau lui tombe dessus et l'emprisonne), la souris écossaise débrouillarde sont sans doute plus marquantes que Toupi, un héros un peu trop conventionnel; enfin, on a déjà évoqué ces mouches qui suscitent à la fois sympathie et répulsion et qui sont certainement les personnages les plus comiques.
On peut bien sûr ne pas partager les appréciations précédentes: l'enseignant donnera son avis — sans doute plus complexe et plus élaboré que celui des enfants — avec des mots simples et aussi précis que possible en assumant la subjectivité de ses appréciations.
Par exemple: