Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au dessin animé
Princes et Princesses
de Michel Ocelot
France, 1999, 1h07
Le dossier pédagogique dont on trouvera un court extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du début du primaire qui verront le film Princes et Princesses avec leurs élèves (entre six et neuf ans ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.
On rappelle aux enfants (ou on leur demande de se rappeler) deux ou trois contes suffisamment connus, où interviennent des princes et des princesses. Ensemble, on essaie de préciser à propos des personnages du prince et de la princesse:
- quelle est leur origine respective?
- quelles sont leurs qualités physiques, morales?
- quel(s) obstacle(s) le prince doit-il affronter pour atteindre la princesse, la libérer du sort (ou du sortilège) qui la frappe généralement?
- de quelle façon se terminent les histoires?
- de manière générale, quelles sont les constantes, les «choses » que l'on retrouve plus ou moins systématiquement dans chaque histoire?
- Chaque enfant dessine, au choix, un prince ou une princesse dont il se souvient. Tous les dessins des enfants sont affichés au tableau de la classe. Chacun commente brièvement son dessin (qui est ce prince, cette princesse? se souvient-on de son histoire? de son destin?) et éventuellement celui des autres. On essaie de définir, d'après l'ensemble des dessins, les principaux attributs physiques, moraux, matériels de ce type de personnages fréquemment rencontrés dans les contes.
Princes et princesses, dont les enfants ne peuvent s'empêcher d'envier la destinée heureuse et aisée (même si, la plupart du temps, celle-ci vient clôturer un parcours difficile qui a mené à leur union), incarnent, dans une grande majorité de contes traditionnels, des qualités, valeurs et idéaux élevés (beauté, jeunesse éternelle, pureté des sentiments, vertu, courage, bravoure, honnêteté). Ces personnages fascinent. On voudrait leur ressembler On voudrait vivre comme eux Bref, on se sent capable d'affronter toutes les épreuves pour connaître leur bonheur, une sorte de bonheur abstrait, inaccessible pourtant, dont on sait bien qu'il ne peut être de notre vécu terrestre. Cette fascination profonde pour de telles créatures imaginaires, on la retrouve presque intacte chez l'enfant devenu adulte lorsqu'il se trouve confronté (généralement de manière indirecte, via une certaine presse) à d'authentiques princes ou princesses, à qui il attribue d'ailleurs la plupart du temps et de façon spontanée, idéaux et valeurs héritées de ces histoires connues de tous, le plus souvent envers et contre toute réalité.
Aussi dès le départ, invitera-t-on les enfants à s'exprimer à propos de ce thème «princier». Selon l'âge de ceux-ci, l'on pourra recourir à deux méthodes. Aux plus grands, on proposera de se remémorer quelques contes parmi les plus connus, et notamment trois célèbres contes des frères Grimm, Cendrillon, La Belle au bois dormant et Blanche-Neige (surtout connus aujourd'hui grâce aux dessins animés de Walt Disney).
On se souviendra ensemble des différentes histoires, en axant son effort de remémoration sur les personnages du prince et de la princesse, sur les particularités de leur identité et parcours personnel, de leur relation, de leur destinée commune, sur leurs qualités morales et physiques...
On tâchera ensuite de dégager quelques constantes, les caractéristiques qui reviennent le plus souvent, et l'on notera celles-ci au tableau de la classe, pour constater que finalement, bien des contes fonctionnent sur base de stéréotypes identiques. D'ailleurs, dans les contes de fées, n'associe-t-on pas toujours les termes «prince» et «charmant» dans une locution consacrée désignant invariablement un personnage idéalement beau, venu pour délivrer puis épouser une princesse enfin libérée de son sort(ilège)?
Avec les plus jeunes, on procédera un peu de la même manière mais en utilisant cette fois la méthode du dessin. Chaque élève sera invité à dessiner au choix, un prince ou une princesse. La seule consigne à respecter sera de se référer à un conte précis, de façon à dépasser une représentation peu ou mal définie, trop générale. On obtiendra très certainement ainsi une gamme de portraits plus riches et plus détaillés et donc, une meilleure base de discussion.
Une fois terminés, tous les dessins seront affichés au tableau et commentés d'abord par leurs auteurs qui a-t-on dessiné? se souvient-on précisément de l'histoire, de la façon dont elle se termine? , ensuite par les élèves qui ont un avis ou une idée à formuler à propos de ce qui ressort de l'ensemble des portraits: qu'est-ce qu'on retrouve le plus? (Pensons aux situations évoquées, aux attributs, aux caractéristiques physiques...)
Au terme de cet exercice sur les souvenirs et les représentations, l'on en viendra à une discussion en grand groupe orientée sur le contenu du film. On parlera du titre et on fera circuler dans la classe quelques images à observer attentivement. Trois questions essentielles permettront à la fois de lancer le débat, de lui donner une direction et de le cadrer en le circonscrivant par des limites précises. Voici ces questions:
Plutôt que de livrer ces trois questions en bloc, nous suggérons que celles-ci soient examinées l'une après l'autre. On fera d'abord remarquer aux élèves que le titre est au pluriel: il y aura donc dans le film plusieurs princes et plusieurs princesses. Deux situations sont alors possibles: soit le film raconte une seule histoire où interviennent plusieurs princes et plusieurs princesses; soit le film raconte plusieurs histoires qui mettent à chaque fois en scène un prince et une princesse. L'observation des images qui en sont extraites permettra enfin de déterminer l'hypothèse la plus probable. On examinera pour cela les personnages (leur physionomie, leurs costumes) mais aussi les éléments de décor qui permettent d'ancrer la scène représentée dans un contexte plus ou moins précis (dans le temps et / ou l'espace). Sans doute les élèves en arriveront-ils assez rapidement à l'idée de «variantes» ou de «variations» sur un thème identique, particularité narrative suffisamment rare pour être soulignée au préalable.
Une dernière chose enfin sera de préparer les jeunes spectateurs à la vision d'un film extrêmement original sur le plan du graphisme et de la technique employée. On insistera sur cette dimension-là dès le départ car nous pensons qu'il est important d'éveiller aussi la sensibilité des enfants à un aspect formel d'autant plus remarquable qu'il n'a pas d'équivalent dans la production courante.
Pour atteindre cet objectif, nous suggérons de répartir la classe en trois groupes et d'attribuer à chaque groupe l'une des images déjà observées. On expliquera qu'il s'agit cette fois de distinguer ce qu'il y a d'original dans la composition même de l'image (graphisme, procédé utilisé, excentricité des costumes et des décors, en somme tous ces traits qui permettent de démarquer l'oeuvre de Michel Ocelot de la production habituelle). Pour rendre l'exercice plus fructueux, on proposera éventuellement aux élèves de recourir au procédé de la comparaison et à cette fin, d'amener en classe des images issues de dessins animés, découpées par exemple dans des programmes de télévision ou de cinéma. D'une telle juxtaposition naîtra probablement un plus grand nombre d'observations relatives aux spécificités de l'oeuvre de Michel Ocelot.