Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Fucking Åmål
de Lukas Moodysson
Suède, 1999, 1h29
Le dossier consacré à Fucking Åmål et dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse essentiellement aux enseignants et aux animateurs qui souhaiteraient voir ce film avec un public d'adolescents et adolescentes. Il propose plusieurs animations à mettre en oeuvre rapidement après la vision du film.
On reconnaîtra sans doute facilement qu'un film comme Fucking Åmål a des prétentions réalistes plus évidentes qu'un film d'action spectaculaire ou un film fantastique. Le jugement sur la dimension éventuellement réaliste de ce film va cependant dépendre fortement de l'expérience de chaque spectateur, de ses valeurs, du regard qu'il ou elle peut porter sur sa propre vie et celle des autres. L'animation proposée ici a précisément pour but de permettre à chacun de s'exprimer à ce sujet, de confronter sa propre expérience à celle mise en scène dans le film de Lukas Moodysson mais également à celle des autres spectateurs.
On mettra notamment l'accent sur la dimension «jeune» du film puisque celui-ci met en scène des personnages adolescents confrontés à des problèmes vécus par de nombreux autres adolescents. On fera cependant attention à ne pas transformer cette image de Fucking Åmål en une injonction pour les spectateurs à nécessairement «se reconnaître» dans le film: l'animation propose souhaite au contraire laisser à chacun la possibilité de se distancier par rapport à celui-ci et d'affirmer d'autres valeurs, d'autres désirs que ceux manifestés par les personnages mis en scène.
L'animation comporte deux étapes principales.
La première consiste en un questionnaire auquel les participants sont invités à répondre individuellement et anonymement. Il doit permettre aux participants de poser un jugement de réalisme sur différents extraits du film ainsi que d'exprimer les émotions essentielles qu'ils auront ressenties lors de la projection. Ils seront notamment invités à faire part d'une expérience personnelle, importante pour eux et proche de l'une de celles mises en scène par le film. Les spectateurs qui manifesteraient une distance ou même un rejet à l'égard du film auraient alors l'occasion d'exprimer leurs réticences et surtout d'exprimer les valeurs concurrentes ou les certitudes dont ils se sentiraient porteurs, comparativement à celles manifestées par les personnages de Fucking Åmål.
Lors d'une seconde étape, l'animateur recueille l'ensemble des opinions exprimées et essaie d'en construire, éventuellement avec l'aide des participants, une synthèse au tableau. Les expériences personnelles recueillies ainsi devraient être retraduites en termes généraux afin de préserver l'anonymat de leurs auteurs. Mais en travaillant ainsi de façon intuitive et spontanée, il devrait être possible de dégager quelques grands axes traduisant les aspirations, les valeurs, les désirs intimes[1] des différents membres du groupe qui trouvent rarement l'occasion de s'exprimer, notamment dans le milieu scolaire où ils passent pourtant l'essentiel de leurs journées: ces dimensions peuvent concerner, comme on le verra à travers ce questionnaire, la vie amoureuse, les relations sexuelles, mais aussi les amitiés, le devenir professionnel, le sens de la vie ou de «sa»vie, les rapports avec la famille, avec la fratrie, etc.
Par la suite, l'animateur pourra procéder à un dépouillement systématique des questionnaires en utilisant par exemple un «tableur» informatique qui permet de calculer les moyennes de chaque réponse, les écart-types (qui désignent la dispersion des opinions autour de la moyenne), éventuellement certaines corrélations entre les réponses aux différents items. Les résultats ainsi obtenus pourraient être communiqués ultérieurement aux participants et compléter la synthèse construite précédemment de façon plus empirique. L'objectif en serait, une nouvelle fois, de permettre au groupe de mieux se connaître mais également d'exprimer même si c'est de façon médiate des choix, des valeurs, des sentiments, des aspirations qui ont sans doute peu de lieux où s'affirmer.
Cette animation n'est pas, on l'aura compris, sa propre fin et devra s'inscrire dans le cadre plus général de l'éducation sexuelle et affective des adolescents (celle-ci devant être à notre sens comprise d'abord comme une écoute de ces adolescents).
[1] L'objectif de l'animation n'est évidemment pas de déboucher sur une espèce de «psychanalyse sauvage» des membres du groupe, mais plutôt de leur permettre d'exprimer l'importance qu'ils accordent dans leur vie à des dimensions comme la vie amoureuse, les choix professionnels, les relations avec les amis ou la famille, d'exprimer aussi éventuellement des malaises par rapport à ces différentes dimensions: il est clair par exemple que, même si Fucking Åmål ne se réduit pas à ce seul aspect, il comporte un plaidoyer contre les préjugés homophobes, plaidoyer auquel certain(e)s adolescent(e)s seront peut-être plus sensibles que d'autres.
Fucking Åmål, proche ou lointain ?Voici une série de scènes de Fucking Åmål de Lukas Moodysson. Peux-tu donner une appréciation personnelle pour chacune de ces scènes ? Te paraissent-elles réalistes, bien observées, proches de la vie, ou au contraire convenues, invraisemblables, irréalistes ? Ces scènes t'ont-elles ému(e), interpellé(e), touché(e) ou t'ont-elles plutôt laissé(e) indifférent(e) ou même ennuyé(e) ? (Les échelles te permettent de nuancer tes réponses.) Réponds de la manière la plus sincère possible sans te soucier de ce que pensent les autres: il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. C'est un sondage anonyme (tu ne dois pas inscrire ton nom).
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