Consentement, Viol, Agression sexuelle, Justice
Une nuit, Aly, une femme en danger, appelle la police. Anna, opératrice à police-secours, prend l’appel. Dary est arrêté quelques minutes plus tard. Les semaines passent, la police, puis la justice cherchent des preuves. L’enquête décortique l’événement, tente de reconstruire les événements avec Aly, interroge les intentions de l’agresseur, instille le doute dans l'esprit des spectateur·rices : que s’est-il vraiment passé ?
Cette nuit résonne dans le quotidien d’Aly, Anna et Dary. Ce dont il est question ici, et ce que le film va investiguer, c’est cette fameuse zone grise, ces contours flous du consentement auxquels la justice n’a pas encore trouvé de réponse adéquate, empêchant la résilience des personnes concernées. Non seulement des victimes, empêchées de s’apaiser, mais aussi des agresseurs, empêchés d’évaluer la portée de leurs actes. Toute l’intelligence du film tient dans ce regard nuancé qu’il porte sur un sujet clivant habituellement le débat public, justement parce que les institutions lui font défaut. Surtout, il immerge les spectateur·rices dans l’intimité des personnages et les met en mouvement : le récit pousse à se questionner, à prendre position, pour finalement s'interroger sur nos préjugés, sur nos perceptions erronées, nourries par la culture du viol dans laquelle nous baignons. Usant de codes du film policier et du film de procès, le film est efficace et tient en haleine. Surtout, il repose sur des personnages complexes, investis et nuancés qui incarnent la situation, ses conséquences profondes et intimes.
La vision de ce film en séances scolaires est nécessaire. Lors d’un sondage mené par Amnesty et SOS viol en 2020, il apparaît que 80 % des jeunes francophones interrogé·e·s sont favorables à ce que les violences sexuelles soient abordées à l’école. Le film proposé permettra de se confronter au sujet et de discuter des stéréotypes face à la question du viol. Lorsqu’on sait – par ce même sondage – que près de 50% des victimes d’agression sexuelle l’ont été avant leurs 19 ans, il semble important d’échanger avec les jeunes dans le cadre scolaire. C’est d’autant plus important que les jeunes vont expérimenter leurs premières relations et doivent, rapidement, être conscient·e·s de la nécessité du consentement, des limites à poser et à écouter, du respect de l’autre dans une relation affective et sexuelle. C’est important également car ils·elles constituent une génération sensibilisée à la question et ils·elles doivent avoir les outils pour se défendre, connaître leurs droits et devoirs. Ils·elles doivent pouvoir avoir les arguments, les aiguiser et entendre les réalités de tels faits.
Ce dossier pédagogique est réalisé à l’attention des enseignant·e·s du secondaire supérieur. Il permettra une approche antérieure à la vision du film sur les préjugés face au viol. Ces mêmes préjugés seront ensuite interrogés au retour du cinéma. Le dossier propose également d’analyser les trois personnages principaux, d’interroger la mise en scène et propose un regard sur la représentation du viol dans ce film.