Mêlant réalisme social et mythologie adolescente, romantisme et tragédie, Ludovic et Zoran Boukherma signent une emballante et fougueuse adaptation du roman de Nicolas Mathieu. Prix du meilleur jeune espoir pour Paul Kircher au Festival de Venise 2024
Août 1992. Une vallée perdue dans l’Est, des hauts fourneaux qui ne brûlent plus. Anthony, 14 ans, s’ennuie ferme. Un après-midi de canicule au bord du lac, il rencontre Stéphanie. Le coup de foudre est tel que le soir même, il emprunte secrètement la moto de son père pour se rendre à une soirée où il espère la retrouver. Lorsque le lendemain matin, il s’aperçoit que la moto a disparu, sa vie bascule…
En plongeant dans l’univers de l’écrivain Nicolas Mathieu, dans le sillage d’une jeunesse désoeuvrée mais en quête de sensations et surtout d’amour, dans une petite ville de l’Est de la France frappée de plein fouet par la désindustrialisation, Ludovic et Zoran Boukherma ont parfaitement touché le centre de leur cible.
Lancé par une vaste et enthousiasmante première partie électrisante, Leurs enfants après eux capte à merveille les états d’âme de l’adolescence et restitue parfaitement l’atmosphère d’une ville ouvrière laissée en jachère par la fin de l’exploitation minière et sans grand avenir pour sa jeunesse, sans pour autant chercher le naturalisme, mais en donnant à ses personnages un très attachant côté « bigger than life ». Utilisant les décors naturels (le lac, la forêt, le haut fourneau désaffecté) à très bon escient, le film propulse le spectateur au coeur d’un récit passionnant, abordant en filigrane de nombreux sujets (les classes sociales, la xénophobie, la délinquance, la famille, etc.) autour de son noyau romantique et de son halo dramatique. Les cinéastes réussissent haut la main leur pari de mixer l’intime et le spectaculaire, l’immersion sociologique et le lyrisme, pour le plus grand plaisir du spectateur.
d’après FABIEN LEMERCIER, Cineuropa.org