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Nommé à la Berlinale 2024 et adapté des mémoires d'Amy Liptrot, The Outrun raconte la bataille que Rona, la petite trentaine, mène contre son addiction à l’alcool. Elle mènera sa quête solitaire au cœur des falaises écossaises
Rona, originaire des îles des Orcades dans le nord de l’Écosse, vit à Londres. Elle aime faire la fête, notamment avec son compagnon qu’elle rencontre dans l’extase d’une soirée bien enflammée et avec lequel elle emménage peu après. Mais le côté fun et léger du début du film laisse vite place à l’envers du décor, celui qui montre que Rona ne sait plus s’arrêter quand elle commence à boire. D’abord membre d’un groupe de parole des Alcooliques anonymes à Londres, elle se retrouve finalement dans sa ville natale écossaise, chez sa mère, où elle s’isole pour tenter d’échapper à sa dépendance. Le film est ainsi construit entre, d’un côté, son combat jour après jour pour s’en sortir et, de l’autre, des flashback qui présentent sa vie d’avant et les conséquences de plus en plus lourdes de son état d’ébriété trop fréquent. Les scènes du passé remontent ainsi jusqu’à son enfance, quand elle était confrontée aux importantes difficultés de ses parents. On comprend alors que l’alcool joue un rôle de catalyseur pour Rona, lui permettant de vivre avec les blessures de la vie, mais il est désormais temps que ce faux remède destructeur cède la place à une vraie guérison.
Tout au long du film, on suit cette jeune femme courageuse dans les difficultés qu’elle rencontre, alors qu’elle est traversée par un sentiment ambivalent d’être là où elle n’a pas envie, mais où elle sait qu’elle doit rester. Progressivement, des moments d’espoir apparaissent et une rencontre avec elle-même prend corps, poussée par une rage de vivre salvatrice. Les paysages écossais d’un bleu transcendant (celui de la mer, du ciel et des falaises) accompagnent ainsi les moments d’introspection que vit Rona et prêtent un aspect quasi onirique à ce film original qui sort des sentiers battus pour traiter la thématique de la dépendance à l’alcool avec une grande finesse.
LUDIVINE FANIEL, les Grignoux
