Medias
Journal & grilles Appli mobile Newsletters Galeries photos
Medias
Journal des Grignoux en PDF + archives Chargez notre appli mobile S’inscrire à nos newsletters Nos galeries photos
Lancer la bande-annonce
Bande-annonce
affiche du film Ernest Cole : Lost and Found

Prochaines séances

  • 2025-03-13 20:00

Ernest Cole : Lost and Found

  • Choisissez une séance
    • Jeu. 13 Mars | 20:00
  • Réalisé par
    Raoul Peck
  • Distributeur
    Imagine
  • Langue
    anglais
  • Pays d'origine
    États-Unis
  • Année
    2024
  • Durée
    01 h 46
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Type
    Documentaire
  • Date de sortie
    2025-03-12

événement(s)

Ernest Cole: Lost and Found

le 13 Mars 2025 à 20h00 Présentation

À travers ce documentaire grandiose et esthétiquement sublime, Raoul Peck raconte l’histoire méconnue d’Ernest Cole, premier photographe à avoir exposé au monde entier les horreurs de l’apartheid qu’il subissait lui-même en Afrique du Sud. Entre injustice, égarement et questionnement identitaire, les nombreuses thématiques font de ce film l’une des révélations de ce début d’année

En 1967, Ernest Cole publie son livre House of Bondage, contenant 185 photographies de l’apartheid. Alors qu'il n'a que 27 ans, il est condamné à s'exiler à New York et en Europe pour le reste de sa vie, sans jamais retrouver ses repères. En 2017, 60 000 photographies inédites d’Ernest Cole sont découvertes dans une banque en Suède, presque 30 ans après sa mort.

De Johannesburg à Stockholm en passant par New York, l’appareil photographique d’Ernest Cole n’a jamais quitté sa poitrine. Grâce à de solides liens avec la famille Cole et à un travail de documentaliste considérable, Raoul Peck a pu mettre en lumière l’œuvre incommensurable de cet artiste oublié. Le film qui en découle est un portrait significatif, structuré par des centaines de photographies passées au peigne fin. La dissection de la matière photographique est soutenue par un montage rythmé, des musiques éloquentes, des zooms sur certains éléments que nous n’aurions probablement pas perçus et, surtout, par la voix du narrateur. Cette voix-off, interprétée à la première personne, nous accompagne tout au long du film pour apporter dynamisme et proximité émotionnelle, tout en pointant le diable du doigt, dissimulé dans les détails de terribles photographies.

Privé de sa liberté dès son plus jeune âge à cause d’une politique tyrannique et sectaire, Ernest Cole a dédié sa vie à son art pour exposer la monstruosité de l’apartheid aux yeux d’un monde négligeant. Le risque d’être arrêté par la milice locale était constant, mais capturer les instants d’injustice représentait sa raison d’exister. De cette bravoure sont nées des milliers d’images poignantes, témoins visuels et historiques de l’exclusion sociale, où l’indépendance blanche contrastait avec la soumission noire. Les restaurants, les magasins, les transports en commun ou même les bancs publics, tout était rigoureusement divisé en fonction de la couleur de peau. House of Bondage recense ces absurdités raciales avec autant de rage que de clairvoyance.

Dès sa sortie, ce recueil dévoilant une condition humaine ignorée devient un immense succès international. Le nom d’Ernest Cole résonne partout et marque de son encre les journaux du monde entier. Malheureusement, ce livre mènera Ernest à un exil qu’il n’aurait pas imaginé si long et si cruel. Forcé à vivre ailleurs durant la deuxième partie de sa vie, il n’est jamais parvenu à revenir sur ses terres natales qu’il aimait tant, malgré tout ce qu’elles lui ont fait endurer.

En 1967, lorsqu’il quitta l’Afrique du Sud pour rejoindre New York, il pensait arriver dans la ville de la liberté. Une ville où il put apercevoir des couples mixtes s’enlaçant, des couples homosexuels se tenant la main, et bien d’autres choses inconcevables là d’où il venait. Pourtant, il suffisait d’une poignée de regards farouches et malveillants pour le ramener dans l’effroi de Johannesburg. Ernest Cole, comme des milliers de personnes noires en Amérique ou ailleurs, ne s’est jamais senti chez lui : « En Afrique du Sud, je photographiais ma vie, ma réalité. Ici, aux États-Unis, je suis “l’autre” ». Cet abominable sentiment d’isolement a ruiné la vie d’Ernest, le menant lentement à la perdition.

Ernest Cole est l’un de ces héros qui n’a pas eu droit à une reconnaissance à la hauteur de son talent. Grâce à ce film hommage motivé par un devoir de mémoire et par la découverte inattendue de 60 000 photographies, son histoire est désormais fixée dans le présent pour se souvenir du passé. Un passé douloureux pour toute une population, pour tous ces gens qui ont subi les plus ignobles des injustices dans leur propre pays, avant d’en connaître d’autres bien loin de chez eux. Ernest Cole: Lost and Found, c’est un retour à l’ancêtre du cinéma et à sa plus vieille volonté : laisser une trace indélébile pour ne jamais oublier.

ELIOTT SMEETS, les Grignoux

Fiche PDF du film