Patrick Tass fait partie de ces réalisateurs qui réussissent avec brio à traiter un sujet central tout en y développant des problématiques connexes et performe dans sa manière de présenter la complexité du réel
Patrick Tass a 28 ans et habite Bruxelles au moment de tourner ce film. Il est né et a grandi au Liban, où ses parents vivent toujours, mais il a la nationalité palestinienne de son père, car bien que sa mère soit Libanaise, au Liban, ce ne sont pas les mères qui donnent la nationalité aux enfants.
Le réalisateur montre la relation qu'il entretient à distance avec sa mère grâce aux outils technologiques actuels. Cette possibilité moderne permet une grande proximité, vécue à la fois comme une opportunité, mais aussi comme une forme d’intrusion, où le contraste de leurs vies rend le mensonge quasi obligatoire. En toile de fond, le réalisateur s’interroge sur son identité. Sur ses papiers, il est Palestinien, or il existe du racisme au Liban envers ce peuple. En Belgique, il est rattrapé par cette histoire sans arriver à savoir ce qu’il en pense. Au fur et à mesure du film et de sa prise de conscience de l’histoire des Palestiniens, son positionnement grandit.
Patrick Tass nous propose un film sur la culpabilité. Celle portée par sa famille, écrasée par un système, et celle qu’il porte lui, de mentir à ses parents. Peut-être aussi celle, alors que c’est sans doute ce que ses parents souhaitent le plus au monde, de vivre une vie meilleure que la leur...
LUDIVINE FANIEL, les Grignoux