Première Guerre mondiale
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Les Sentiers de la gloire réalisé par Stanley Kubrick en 1957 évoque une des pages noires de la Première Guerre mondiale, celle de ces soldats accusés de désertion ou de désobéissance en présence de l’ennemi et « exécutés pour l’exemple » en présence de leurs camarades réunis. Si le film est bien évidemment une reconstitution, qui se base d’ailleurs sur un roman publié en 1935 par Humphrey Cobb, un Américain qui avait servi à partir de 1916 dans l’armée canadienne, il s’appuyait sur des faits authentiques, sans doute polémiques, qui mettaient en cause les autorités militaires françaises. Au-delà de la question des fusillés pour l’exemple, le film de Kubrick comme d’ailleurs le roman dont il s’inspirait mettait en cause la manière dont les responsables militaires de l’époque avaient dirigé les opérations sans se soucier vraiment du coût humain de leurs offensives, du sang versé par des milliers sinon des millions de fantassins.
Les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale sont donc l’occasion de revenir sur ce film qui, sans être formellement censuré, n’a pas pu être montré en France au moment de sa sortie internationale en 1957 et y est resté pratiquement invisible jusqu’en 1975. Célébré aujourd’hui comme un classique, considéré comme une des premières réalisations majeures de Stanley Kubrick, les Sentiers de la gloire doit cependant être interrogé comme toute œuvre à prétention historique en tenant compte notamment des avancées historiographiques sur la question. L’on trouvera dans ce dossier pédagogique une longue approche historique sur les faits, événements et interprétations qui sont évoqués directement ou indirectement par le film. Il s’agira sans doute moins d’apporter des réponses définitives — même si des recherches précises permettent par exemple aujourd’hui de savoir combien de soldats ont effectivement été fusillés après leur passage devant des conseils de guerre — que de susciter chez les spectateurs, jeunes ou moins jeunes, un questionnement de type historique mais aussi moral et politique (au sens le plus noble du terme) sur les événements mis en scène ou indirectement évoqués.
Un film comme les Sentiers de la gloire n’est cependant pas équivalent à un ouvrage d’historien et ne doit certainement pas être utilisé, dans un contexte scolaire, pour faire simplement la leçon à une classe, et son propos mérite en lui-même une réflexion en tenant compte notamment du moment où il a été réalisé, à savoir en pleine guerre froide entre les États-Unis et le bloc soviétique. Une réflexion sur le film à son époque est donc nécessaire pour bien en comprendre le sens et la portée.
Enfin, la dernière partie du dossier reviendra sur le travail de mise en scène de Stanley Kubrick. Ce sera l’occasion d’aborder des aspects filmiques qui sont facilement négligés par les spectateurs : on essaiera néanmoins de rester au plus près de la vision habituelle des spectateurs sans recourir à une analyse image par image de séquences, en se basant plutôt sur des consignes d’observation préalables données avant la projection et sur les souvenirs que les participants auront spontanément conservés de leur vision du film.